L'audience du contentieux post-électoral s'ouvre ce mardi 16 octobre 2018 à Yaoundé, la capitale, après le décompte des voix de l'élection présidentielle du 7 octobre dernier, effectué dans l'ensemble des dix régions par la Commission nationale de recensement des votes. Le procès-verbal de cette commission a été remis voici deux jours.
Presque au même moment, un document qui récapitule les suffrages exprimés lors du scrutin fait les choux gras de la presse camerounaise. Ce document, même s'il porte l'en-tête d'Elections Cameroon (ELECAM), l’organe en charge de l’organisation de ces élections, n'a rien d'officiel et n'est pas signé. Aussi, est-il difficile d'en établir l'authenticité dans un contexte où, on le rappelle, la publication des tendances est interdite par la loi camerounaise.
Seul le Conseil constitutionnel, selon la loi électorale, a le droit de publier les résultats définitifs de l'élection, dans un délai de 15 jours au maximum après sa tenue.
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Au demeurant, le document sus-évoqué donne Paul Biya, le président sortant et candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), vainqueur avec 71,09% des suffrages exprimés. Il devance principalement Maurice Kamto (14,40%) du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Cabral Libii (6,32%) du parti Univers, Joshua Osih (3,19%) du Social Democratic Front (SDF). Le taux de participation, quant à lui, est de l'ordre de 53,50%. Des résultats que le MRC a déjà indiqué avoir rejeté dans un communiqué publié sur la page Facebook officielle de Maurice Kamto.
«Le MRC et la coalition qui s'est formée autour de la candidature de Maurice Kamto, rejettent catégoriquement ces résultats qui sont le produit de procès-verbaux fabriqués, que de faux observateurs de Transparency International, démasqués, visaient à faire accepter à l'opinion nationale et internationale. La coalition continue de revendiquer la victoire de Maurice Kamto à cette élection, conformément à la vérité des urnes au soir du 7 octobre 2018», peut-on y lire.
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«Par ailleurs, la coalition rejette toutes formes de violence que le régime voudrait lui faire endosser. Elle tient à informer l'opinion publique nationale et internationale de la responsabilité du régime dans l'orchestration des actes de provocation tendant à déclencher des violences post-électorales qu'il voudrait imputer à la coalition», poursuit le document.
La coalition autour du MRC cite ainsi, pêle-mêle, l'interpellation et l'audition par les forces de sécurité de certains de ses militants dans diverses localités du pays; l'intimidation de ses militants et sympathisants dans les quartiers par des personnes qui semblent appartenir à une milice; l'expulsion, manu militari, des représentants du MRC de la plupart des bureaux de vote dans les trois régions du septentrion (Extrême-Nord, Nord et Adamaoua), ainsi que dans les régions de l'Est, du Sud et certains départements des régions du Centre, de l'Ouest et du Sud-Ouest, etc.
Au total, près d'une vingtaine de recours ont été déposés auprès de la Cour constitutionnelle, dont certaines demandant l'annulation du scrutin du 7 octobre dernier. Cette instance a jusqu'au 22 octobre au plus tard pour proclamer officiellement les résultats du vote.