Cameroun-Présidentielle: la victoire de Paul Biya passe mal chez les opposants

Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et l'un des principaux opposants au régime de Biya.

Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et l'un des principaux opposants au régime de Biya.. DR

Le 23/10/2018 à 14h43, mis à jour le 23/10/2018 à 14h51

Arrivés respectivement en deuxième et troisième position d'après les chiffres proclamés par le Conseil constitutionnel ce lundi 22 octobre 2018, Maurice Kamto et Cabral Libii doutent toujours de la victoire du président sortant.

Après la proclamation officielle des résultats de l'élection présidentielle du 7 octobre dernier par le Conseil constitutionnel, on n'a pas encore tout à fait tourné la page du scrutin dans le pays. En effet, la victoire de Paul Biya, déclaré vainqueur avec 71, 28 % des suffrages exprimés, passe mal chez ses opposants. «Le Conseil constitutionnel, ce 22 Octobre 2018, a consacré comme on s'y attendait, une mascarade. La forfaiture de trop! Le président sortant a décidé de s'accrocher coûte que coûte au pouvoir. Cet acte d'ultime méchanceté vis à vis du peuple camerounais ne restera pas impuni devant le tribunal de l'histoire», indique sur sa page Facebook officielle Cabral Libii, candidat investi par le parti Univers et classé troisième avec 6,28%.

Cependant, le politicien n'exclut pas d'éventuellement travailler avec le régime en place sous certaines conditions. « On est toujours prêt à travailler pour son pays, tant que les conditions d'un travail constructif sont mises en place», a-t-il déclaré sur les ondes de la radio BBC. Des conditions qui porteraient notamment sur des réformes à apporter au code électoral, à la constitution et au fonctionnement de l'Etat pour privilégier la transparence.

De son côté, Maurice Kamto, candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), classé deuxième avec 14,23% des suffrages, continue de réclamer la victoire et dénonce une manipulation des chiffres du scrutin. 

Dans une vidéo sur sa page Facebook, cet ancien ministre de Paul Biya donne ce qu'il considère comme étant les vrais chiffres de l'élection. Ainsi, Maurice Kamto se dit vainqueur avec 39,74%, devant Paul Biya (38,47%) et Cabral Libii (10,51%).

«Ma coalition et moi-même continuons de réclamer ma victoire à cette élection, conformément à la vérité des urnes au soir du 7 octobre 2018 (…) L'élection présidentielle du 7 octobre 2018 s'est tenue dans des conditions particulièrement difficiles. Elles ont été régies par un code électoral non consensuel, contenant plusieurs dispositions favorisant des fraudes massives, organisées par une institution à l'indépendance douteuse et supervisée par un Conseil constitutionnel dont la quasi-totalité des membres sont des militants du parti au pouvoir, le RDPC, tous nommés par le président sortant », déclare ainsi Maurice Kamto.

Le candidat du MRC ajoute que «l'élection a été émaillée de nombreuses irrégularités et fraudes massives avant, pendant et après le scrutin».

De son côté, le candidat du Social Democratic Front (SDF), Joshua Osih, reconnait la victoire de Paul Biya malgré des insuffisances. «Je prends acte que le conseil constitutionnel a proclamé les résultats de l'élection présidentielle du 7 octobre 2018, malgré toutes les preuves d'irrégularités et une volonté manifeste de marginaliser les populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le vainqueur de l'élection est le candidat Paul Biya», s'est incliné Joshua Osih.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 23/10/2018 à 14h43, mis à jour le 23/10/2018 à 14h51