Cameroun: polémique après la nomination d'un jeune nouveau DG de l'ENAM

Pierre Soumbou Angoula, DG de l'Enam.

Pierre Soumbou Angoula, DG de l'Enam.. DR

Le 19/12/2018 à 08h11, mis à jour le 19/12/2018 à 08h22

Pierre Soumbou Angoula, jeune magistrat de 32 ans, a été porté à la tête de l’École nationale d'administration et de magistrature par décret présidentiel le week-end dernier. Une décision loin de faire l'unanimité au Cameroun. Explications.

Nommé par décret présidentiel comme le nouveau directeur général de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (ENAM), Pierre Soumbou Angoula, jeune magistrat de 32 ans, a été officiellement installé dans ses fonctions ce lundi 17 décembre 2018 par le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative.

Depuis la promotion de ce jeune à la tête de l'ENAM, école de prestige qui forme le gotha des hauts cadres de l'administration camerounaise, la polémique ne cesse de grandir dans l'opinion publique et sur les réseaux sociaux. D'une part, il y a ceux qui saluent cet acte présidentiel qui vient injecter du sang neuf dans la haute administration.

Il faut rappeler que, dans son discours d'investiture le 6 novembre 2018 après sa réélection à la tête du pays, le président Paul Biya a promis de tenir compte des jeunes. «M’adressant maintenant à mes jeunes compatriotes, je voudrais vous dire de ne pas perdre espoir, j’ai compris votre aspiration profonde à des changements qui vous ouvrent les portes de l’avenir et permettent votre plein épanouissement. J’ai tout aussi compris votre désir de mieux participer à la prise des décisions qui engagent l’avenir de notre pays. J’en tiendrai compte en ayant à l’esprit que le Cameroun de demain se fera avec vous», avait déclaré le chef de l’Etat.

Cependant, il y a ceux qui critiquent cette promotion en invoquant notamment la jeunesse et le peu d'expérience du nouveau DG.

Hautes responsabilités

Ils indiquent notamment que Pierre Soumbou Angoula, admis dans la même école (ENAM) en section magistrature en 2014, n'en est sorti qu'il y a peu de temps (2016), avant d'être affecté à la Chambre des comptes de la Cour suprême où il était chargé du jugement des receveurs municipaux des collectivités territoriales décentralisées.

Mais c'est oublier sans doute trop vite qu'il a intégré l'administration en 2009 comme cadre contractuel, avant d'exercer tour à tour au Cabinet civil de la présidence de la République et au ministère des Finances avant son entrée à l'ENAM. Suffisant pour convaincre les sceptiques? Si non, les favorables indiquent également que de nombreux dirigeants actuellement «aux affaires» dans le pays s'étaient vu confier également de hautes responsabilités encore plus jeunes et sans expérience, au début de leur carrière.

Au demeurant, voilà donc Pierre Soumbou Angoula à la tête de l'un des plus prestigieux et convoités établissements du pays. A sa charge de redorer le blason de l'ENAM, trop souvent critiquée dans l'opinion publique, entre autres, pour l'opacité présumée de son concours d'entrée.

«Je remercie le chef de l'Etat. Il nous a prouvé qu'il tient à ses paroles. Il a dit qu'il va faire confiance aux jeunes. Je ne pouvais pas imaginer que cette confiance se porterait sur ma modeste personne. Je compte sur l'accompagnement des aînés, bien évidemment. On juge le maçon au pied du mur», a sobrement réagi le nouveau DG de l’ENAM au micro de la télévision nationale, après sa nomination.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 19/12/2018 à 08h11, mis à jour le 19/12/2018 à 08h22