Il fallait une légitimité internationale au nouveau président-élu de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi. Ce ne sont donc pas moins de 17 chefs d'Etat, dont la plupart dirigeants de pays Africains, qui la lui offrent en faisant le déplacement à Kinshasa pour son investiture à la mi-journée de ce jeudi 24 janvier.
Ainsi, des quatre coins du continent, ses homologues ont décidé de l'adouber comme le président légitime, malgré les contestations formelles et véhémentes de Martin Fayulu, qui affirme, de son côté, être le président-élu.
Ces chefs d'Etat sont notemment venus des pays voisins, comme la Tanzanie, la Centrafrique, l'Angola, le Burundi et le Soudan du Sud.
Des chefs d'Etat de plusieurs pays d'Afrique Australe seront à Kinshasa, venus notamment du Kenya, de Namibie, du Zimbabwe, du Malawi, d'Afrique du Sud. A ceux-là s'ajoutent le premier ministre éthiopien, et les présidents du Soudan, de la Sierra Leone, d'Haïti et de Côte d'Ivoire.
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Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, jeudi, aux alentours de 13h00 (12H00 GMT), Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo (Fatshi), 55 ans, doit prêter serment au palais de la Nation, siège de l'actuelle présidence au bord du fleuve Congo, où l'indépendance avait été proclamée le 30 juin 1960.
Le nouveau président, "Fatshi" pour ses proches, va prendre le relais du chef de l'État sortant, Joseph Kabila Kabange, 47 ans, dont 18 à la tête du plus vaste pays d'Afrique sub-saharienne.
Les deux hommes entreront dans l'histoire comme les acteurs de la première transition sans violence ni effusion de sang de l'histoire congolaise. Une histoire marquée par deux coups d'État (1965 et 1997), les deux assassinats des dirigeants Patrice Lumumba en 1961 et Laurent-Désiré Kabila en 2001, et deux guerres qui ont ravagé l'Est du pays entre 1996 et 2003.
Certes, l'élection de Tshisekedi validée avait été contestée par la France et par l'épiscopat congolais, mais le gouvernement congolais semble avoir réussi à imposer la légitimité par la validation des résultats par la Cour constitutionnelle.
D'ailleurs, l'Union africaine (UA) et l'Union européenne (UE) sont revenus à de meilleurs sentiments, après avoir montré beaucoup de réserve. Les deux organisations continentales, tout comme les États-Unis, se sont déclarés prêts à travailler avec le nouveau président. Les Etats-Unis et la France doivent être représentés par leur ambassadeur à Kinshasa.
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Pendant la cérémonie d'investiture, le président élu doit recevoir "les symboles du pouvoir" des mains de Joseph Kabila, avant de prononcer un discours.
Qui va rester au palais de la Nation? À 14h00, le président sortant doit se retirer dans son bureau avec son épouse, tandis que le nouveau président et la première dame vont aller dans la salle VIP, avant un "entretien en tête à tête" et la "fin de la cérémonie".
Partage du pouvoir
Le symbole du siège de la présidence est l'une des multiples questions qui se posent.
Des signes de changement sont perceptibles. Mercredi, la chaîne d'État a ouvert son journal du soir avec un reportage sur la joie et l'impatience des militants de l'UDPS, le parti de M. Tshisekedi. Un signe de pluralisme impensable il y a quelques jours dans la ligne rédactionnelle de la RTNC.
Façonnées par Kabila, l'armée et les forces de sécurité vont devoir aussi faire preuve de fidélité républicaine envers le nouveau président.
Largement favorable au président Kabila (337 sièges sur 500), l'Assemblée nationale va faire sa rentrée lundi, près d'un mois après les élections du 30 décembre.
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C'est parmi cette majorité que Félix Tshisekedi va devoir choisir un Premier ministre. Les noms du de cabinet du président Kabila, Néhémie Mwilanya Wilondja, et du grand patron congolais Albert Yuma circulent dans la presse congolaise, entre autres spéculations.
Dans son message d'au revoir mercredi soir, le président Kabila a encouragé les "leaders politiques" à privilégier une "coalition" plutôt que la "cohabitation".
Les pro-Tshisekedi et les pro-Kabila ont signé un "accord de coalition politique" et de "partage du pouvoir", selon un document diffusé par voie de presse. L'accord prévoit que les ministères régaliens (Affaires étrangères, Défense, Intérieur) doivent "comme cela est de doctrine certaine, revenir à la famille politique du président élu".
"Coup d'Etat électoral"
L'opposant Martin Fayulu a dénoncé un "putsch électoral" orchestré par Joseph Kabila avec la complicité de Félix Tshisekedi. Il revendique la victoire avec 60% des voix et se proclame seul président élu légitime.
Son alliée, Eve Bazaiba (Mouvement de libération du Congo, MLC), a d'ores et déjà refusé un gouvernement d'union nationale avec les nouveaux dirigeants : "L'État de droit ne signifie pas arrangement, combine et combinaison pour gérer le pouvoir. Ce qui est mal conçu, ce qui est mal préparé va continuer négativement".
Le nouveau gouvernement va prendre la direction d'un pays riche en minerais, mais dont les deux tiers des 80 millions d'habitants survivent avec moins de deux dollars par jour.
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La nouvelle équipe va subir de plein fouet la chute des cours du cobalt, qui ont chuté en quelques mois de 100.000 à 35.000 dollars la tonne.
Cette baisse brutale devrait être un coup dur pour l'État, qui misait beaucoup sur une réforme du code minier relevant la taxation des producteurs de cobalt. La RDC en est le premier exportateur mondial.