Depuis plus de deux mois, des dizaines d'associations de la société civile, réunies au sein d'un "Conseil des patriotes" et soutenues par des partis de l'opposition, appellent dans les médias et sur les réseaux sociaux à manifester ce 7 juin.
Mais des responsables de tous bords ont été accusés, notamment par Washington, de vouloir créer à cette occasion des tensions entre l'élite "américano-libérienne", descendante d'esclaves affranchis qui domine la vie politique du pays depuis 170 ans, et les "autochtones", dont fait partie George Weah.
La communauté internationale s'inquiète d'une possible résurgence des violences, alors que le pays reste hanté par une guerre civile qui a fait quelque 250.000 morts de 1989 à 2003.
Elu fin 2017 sur un programme de résorption de la pauvreté et de lutte contre la corruption, l'ex-star du PSG et du Milan AC a promis de garantir la sécurité des citoyens et le droit de manifester vendredi, mais les autorités craignent d'être dépassées si la protestation devait se prolonger, ce qui est probable.
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"Nous ne quitterons les rues que lorsque nous aurons obtenu des résultats", a prévenu le populaire animateur radio Henry Costa, fer de lance du mouvement.
Précautions
De premiers heurts ont éclaté mercredi près du quartier général de la police à Monrovia, où des jeunes ont bruyamment réclamé la libération du député d'opposition et figure du mouvement Yekeh Kolubah, entendu dans une affaire de droit commun. La police a fait usage de gaz lacrymogènes, auxquels les manifestants ont répliqué par des jets de pierres.
Face à ces risques, certains habitants ont pris leurs précautions. "Je suis venue me ravitailler pour sept jours, parce qu'on ne sait pas combien de temps ça va durer", s'inquiétait sur un marché de banlieue Samantha Wongbay, une jeune mère de trois enfants.
Les organisateurs réclament des mesures pour résorber la crise économique, la mise en place d'un tribunal spécial pour juger les responsables de la guerre civile, ainsi que le renforcement de la lutte contre la corruption, endémique dans ce pays pauvre de quelque 4,7 millions d'habitants.
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Ils devraient présenter leurs doléances dans la journée à la vice-présidente Jewel Howard-Taylor, ex-épouse de l'ancien chef de guerre et président Charles Taylor (1997-2003), plutôt qu'à George Weah, maintenu à l'écart pour des raisons de sécurité.
Weah s'était dit près à écouter les revendications, jugeant inutile la manifestation du 7 juin à laquelle il a interdit aux fonctionnaires de participer.
Opérations hasardeuses
"Le problème fondamental, c'est le cours du dollar américain", qui cohabite avec le dollar libérien, a expliqué le professeur d'économie Samuel Vaye. Alors qu'il fallait débourser 100 dollars libériens pour un dollar américain il y a deux ans, il en faut désormais pratiquement 200.
"Avant, je pouvais nourrir ma famille pendant un jour avec 500 dollars libériens. Maintenant, avec 1.000 dollars, je n'y arrive pas", se désole Angeline Flomo, une mère de famille de 35 ans.
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Des opérations monétaires hasardeuses conduites par la Banque centrale du Liberia (CBL), sous l'ancienne et l'actuelle administration, n'ont fait qu'aggraver la situation. Cinq anciens responsables de cette institution, dont le fils de l'ancienne présidente Ellen Johnson Sirleaft, Charles Sirleaf, ont été inculpés en mars de "sabotage économique".
George Weah, qui s'est dit conscient des difficultés rencontrées par la population, a annoncé que le pays bénéficierait prochainement d'un programme d'aide du FMI, synonyme de "sacrifices" mais qui devrait stabiliser l'économie.
Il a aussi promis de changer l'équipe dirigeante de la banque centrale, d'intensifier la lutte contre la corruption et de garder comme priorités l'éducation, la santé, les infrastructures routières et la promotion de l'investissement. Ce qui n'a pas empêché le Conseil des patriotes de maintenir son appel à manifester.