Cameroun. Crise anglophone: Paul Biya ordonne la libération de 333 prisonniers

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Le 04/10/2019 à 08h52, mis à jour le 04/10/2019 à 08h53

Le chef de l’Etat a ordonné l’arrêt des poursuites contre des centaines de personnes détenues pour des délits commis dans le cadre de la crise anglophone qui secoue le pays depuis bientôt trois ans. Une décision qui intervient en marge du «grand dialogue national».

Des centaines de prisonniers interpellés dans le cadre de la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis bientôt trois ans vont bientôt être relâchés. En effet, le chef de l’Etat, Paul Biya, a ordonné ce jeudi 3 octobre 2019, «l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires» contre 333 personnes arrêtées et détenues pour des délits commis dans le cadre de ce conflit, indique un communiqué de la présidence de la République rendu public ce jour.

Cette décision procède de «la volonté du chef de l’Etat de permettre à ceux de nos jeunes compatriotes de ces deux régions, désireux de renoncer à la violence et de revenir dans le droit chemin, de pouvoir de nouveau participer à la grande œuvre de construction nationale», précise le document.

Par cet acte donc, Paul Biya «réaffirme sa détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans le recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique de la crise qui affecte ces régions de notre pays, en vue de la normalisation souhaitée par l’immense majorité du peuple camerounais», justifie la présidence de la République.

Cette décision intervient au moment où se tient depuis lundi dernier à Yaoundé, le «grand dialogue national» convoqué le 10 décembre dernier par le chef de l’Etat afin de trouver une issue à cette crise qui a fait quelque 3.000 morts, 530.000 déplacés internes et des milliers de réfugiés, selon le centre d’analyses géopolitiques belge International Crisis Groupe (ICG).

Cette annonce est «une mesure d’apaisement» que le chef de l’Etat «a voulue pendant que nous continuons nos travaux», a déclaré à la tribune du «grand dialogue national», le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, qui préside ces assises qui prennent fin ce vendredi.

Ce, en l’absence des principaux leaders sécessionnistes qui ont posé comme préalables à leur participation à ce dialogue, la «libération de tous les prisonniers» arrêtés dans le cadre de ce conflit. A noter que cette mesure présidentielle n’est pas la première du genre.

Le 13 décembre 2018, Paul Biya décidait de l’abandon des poursuites contre 289 personnes et leur remise en liberté immédiate dans le cadre de la crise anglophone. Le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, chargé de l’application de cette décision, indiquait alors que cette «clémence» du chef de l’Etat concernait uniquement les personnes dont les charges retenues à leur encontre sont d’une «amplitude de gravité relative».

Excluant ainsi «les criminels, assassins et autres dangereux terroristes, ainsi que les commanditaires et planificateurs de la pernicieuse crise sécuritaire» en cours dans les régions anglophones du pays. Sisiku Ayuk Tabe, président autoproclamé de l’Ambazonie, l’Etat que les sécessionnistes veulent créer en zone anglophone, et 9 de ses codétenus arrêtés au Nigeria et tous condamnés à vie en août dernier par le tribunal militaire de Yaoundé, ne sont-il pas concernés pas cette mesure.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 04/10/2019 à 08h52, mis à jour le 04/10/2019 à 08h53