Algérie. Présidentielle: aucun des candidats n'ose aborder l'avenir d'Ahmed Gaïd Salah

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Le 25/11/2019 à 16h05, mis à jour le 25/11/2019 à 16h25

Pas un seul des cinq candidats n'a osé inscrire dans son programme électoral la question de l'avenir du général Ahmed Gaïd Salah, qui tient pourtant dans sa main la réalité du pouvoir algérien.

Quel avenir pour Ahmed Gaïd Salah? C'est la question qu'aucun des cinq candidats algériens à l'élection présidentielle n'ose aborder, alors que c'est la seule dont la réponse sincère pourrait leur accorder la légitimité qui leur fait tant défaut. 

Aujourd'hui, le chef d'état-major de l'armée algérienne est l’unique personne que les millions de manifestants trouvent tous les vendredis en travers de leur chemin. Nul n’ignore que depuis la chute de Abdelaziz Bouteflika, c’est Ahmed Gaïd Salah, sous prétexte de la préservation de la stabilité des institutions, qui dirige réellement le pays. Tout le monde sait également que sans son départ, le système restera en place.

Huit jours se sont écoulés depuis le début de la campagne pour la présidentielle du 12 décembre prochain. Les candidats ont tous dévoilé des programmes plus ou moins ambitieux et plus ou moins réalistes. Sur le plan politique, ils proposent tous de se débarrasser d’une manière ou d’une autre du système, de récupérer les milliards de dollars détournés et de gouverner de manière démocratique. Autant de projets qu’il est impossible de mettre en œuvre sans passer par Ahmed Gaïd Salah qui tient dans la paume de sa main tout ce système.

Malheureusement, aucun des cinq candidats n’évoque la question de la réforme de l’armée, ni même le départ d’Ahmed Gaïd Salah. Tout semble indiquer qu’ils lui ont tous prêté allégeance, ce qui semblait être la condition sine qua non pour prendre part à la présidentielle.

Faute donc de légitimité populaire, aucun des cinq candidats ne pourra tenir tête ni à Ahmed Gaïd Salah, ni même aux autres généraux octogénaires gravitant autour de lui.

Si l’élection du 12 décembre a lieu, le futur président continuera de recevoir les ordres de son vice-ministre de la Défense, comme c’est le cas actuellement avec le gouvernement de Abdelkader Bensalah.

Ce qui est clair, c’est que celui qui prendra le fauteuil de Bouteflika aura beau ne pas être sur une chaise roulante, il aura les mains et les pieds liés dans l’exercice de la fonction de chef de l’Etat.

Le problème c’est qu’aucun président illégitime ne pourra placer l’armée sous son autorité. Au fond, c’est ce que cherche réellement Ahmed Gaïd Salah, afin de continuer à tirer les ficelles.

Evidemment, la révolution toujours en cours, sans cesse plus vigoureuse au fil des semaines et à mesure qu’approche l’échéance du 12 décembre, n’a pas encore dit son dernier mot. Le général de corps d’armée et véritable chef de l’Etat continuera à s’opposer à la volonté des Algériens, jusqu’à son éventuelle chute.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 25/11/2019 à 16h05, mis à jour le 25/11/2019 à 16h25