Égypte-Éthiopie: voici l’accord sur le remplissage du barrage à l’origine du différend entre les deux pays

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Le 17/01/2020 à 18h20, mis à jour le 17/01/2020 à 23h58

Après 9 ans de discussions, l’Égypte et l’Éthiopie ont trouvé une entente sur le remplissage du réservoir du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne. La médiation américaine a permis d’arriver à un accord initial, et un accord définitif sera signé le 29 janvier.

Enfin, après 9 mois de discussions, parfois tendues, l’Ethiopie et l’Egypte sont tombées d’accord sur le processus de remplissage du réservoir du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD), lors des réunions qui se sont tenus du 13 au 15 janvier à Washington, aux Etats-Unis, en présence du Secrétaire du Trésor américain, Steven Mnuchin et le président de la Banque Mondiale David Malpass.

Durant trois jours, les ministres de l’Eau des trois pays concernés –Egypte, Soudan et Ethiopie– se sont penchés sur le remplissage et le fonctionnement du barrage que l’Ethiopie à érigé sur le Nil Bleu, à une trentaine de kilomètre de sa frontière avec le Soudan. Il se sont engagés sur une approche globale, coopérative, adaptative, durable et mutuellement bénéfique concernant le remplissage et l’exploitation du barrage éthiopien.

Avec cet accord, les trois pays se sont, d’abord, mis d’accord sur un processus de remplissage du barrage par étapes sur une base coopérative qui sera fonction de la disponibilité de la ressource hydrique, et donc de la pluviométrie. En clair, le remplissage du barrage se fera durant la saison des pluies, entre juillet et août. Toutefois, en fonction de la pluviométrie et sous certaines conditions, cette durée pourrait être prolongée jusqu’en septembre. Les trois pays conviennent d’une gestion concertée en cas de sécheresse prolongées.

Durant cette phase, les trois pays se sont mis d’accord sur le fait que le barrage sera rempli, au stade initial, jusqu’à atteindre un niveau de 595 mètres au-dessus du niveau de la mer et ce pour permettre à l’Ethiopie de produire de l’électricité, et ce «tout en prenant des mesures d’atténuation appropriées pour l’Egypte et le Soudan en cas de sécheresse sévère durant cette étape».

Ensuite, les étapes suivantes de remplissage du réservoir du barrage dépendront des conditions hydrologiques du Nil Bleu, en tenant compte du niveau nécessaire pour produire de l’électricité pour l’Ethiopie.

Enfin, concernant l’exploitation du barrage, lorsque le réservoir du barrage sera plein, les trois pays se sont mis d’accord sur un mécanisme qui détermine le cycle de relâches d’eau en fonction des conditions hydrologiques du Nil Bleu et des conditions de production d’électricité.

Les trois pays vont se retrouver les 28 et 29 janvier à Washington pour finaliser l’accord sur le remplissage et l’exploitation du barrage.

Le grand barrage de la Renaissance éthiopienne, d’un coût estimé à 5 milliards de dollars aura une capacité de production électrique de 6.450 MW.

S’il fait la fierté de l’Ethiopie qui pourra répondre à une partie de ses besoins d’électricité, le barrage est la pire crainte de l’Egypte. Le pays des pharaons craint que le réservoir géant de 74 milliards de mètres cubes du barrage ne nuise à ses besoins en eau, sachant que 80% des eaux du Nil de l’Egypte proviennent du Nil Bleu qui prend sa source en Ethiopie.

Par Moussa Diop
Le 17/01/2020 à 18h20, mis à jour le 17/01/2020 à 23h58