Au Cameroun, la peur du coronavirus (COVID-19) a entraîné une sorte de défiance envers les étrangers, notamment les Chinois et les Européens. Ces derniers sont notamment suspectés de porter le virus. Au marché central de Yaoundé, l’un des plus fréquentés de la capitale où sont concentrés des commerces appartenant aux ressortissants chinois, les rapports avec les commerçants camerounais sont quelque peu grippés, surtout depuis la confirmation des premiers cas d’infection au COVID-19 dans le pays. «On a peur quand on discute avec eux [les Chinois, Ndlr], surtout qu’ils portent des masques et pas nous», confie Boris, vendeur de chaussettes.
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«Mes patrons n’ont pas voyagé pour la Chine depuis que cette maladie a commencé. Donc, de ce côté-là, je n’ai pas d’inquiétude à me faire. Par contre, lorsqu’un Chinois entre dans la boutique, j’ai peur qu’il ait la maladie et qu’il me contamine», affirme Rosine, employée dans un magasin tenu par des citoyens de l’Empire du Milieu. Pauline, elle, a eu un vif mouvement de recul en se retrouvant, le 6 mars dernier, face à une Chinoise dans un supermarché prisé par les expatriés. «Mon geste peut sembler exagéré, mais je n’ai pas pu contrôler ma réaction face à elle. On s’est retrouvé nez à nez dans l'un des rayons, elle portait un masque. Et c’était le jour même où le ministre de la Santé a annoncé le premier cas de coronavirus à Yaoundé», explique la jeune femme.
«Français, Italiens… Depuis que le coronavirus est là, ces gens-là me font peur», lâche de son côté un journaliste employé dans une rédaction privée. Cette peur s’explique notamment par le fait que les cas recensés sur le continent sont des cas d’importation, c’est-à-dire de personnes ayant voyagé entre l’Afrique et les zones contaminées. Le premier cas officiellement confirmé en Afrique subsaharienne a été notifié le 27 février dernier par le Nigeria sur un ressortissant italien revenu dans ce pays après un séjour à Milan. Au Cameroun, le tout premier cas confirmé par les autorités sanitaires est un Français arrivé à Yaoundé le 24 février dernier. Certains, comme Lambert, crient à la conspiration contre l’Afrique.
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«Ces gens n’ont pas arrêté de dire dans leurs médias qu’ils ne comprennent pas pourquoi l’Afrique est épargnée par le coronavirus. Comme si ce virus a été fabriqué pour les Africains ! Peu de temps après, les pays africains commencent à recenser des cas et à chaque fois, ce sont des personnes qui viennent de l’extérieur, surtout d’Europe. Je vous le dis: ces gens sont envoyés ici pour nous donner le virus, comme avec le sida», fulmine cet enseignant à la retraite.
Pour éviter la propagation du COVID-19, les consignes de prévention demandent notamment de ne pas se serrer la main et d’éviter les embrassades. Au Cameroun, il n’est plus rare de voir des gens se saluer par les pieds ou par le coude, comme ce fut le cas entre le ministre camerounais de l’Economie, Alamine Ousmane Mey, et l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, à l’issue d’une signature de convention le 11 mars dernier à Yaoundé.