Après l’échec du dernier round des négociations, menées à Washington entre les délégations de l’Egypte et de l’Ethiopie, sous l’égide des Etats-Unis et de la Banque Mondiale, Le Caire vient de décider de lancer une grande offensive diplomatique envers les pays européens, arabes et africains, pour expliquer sa position sur le différend qui l’oppose à Addis-Abeba sur le remplissage du réservoir du Grand Barrage de la Renaissance Ethiopienne (GERD).
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, porteur d’un message du président Abdel Fattah Al-Sissi, a entrepris, à partir de ce mardi 17 mars, un périple africain qui le mènera dans plusieurs pays africains: l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la RD Congo, le Soudan, le Burundi, le Niger et le Rwanda.
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Avec ce périple, l’Egypte souhaite contrer l’offensive éthiopienne déjà menée en direction d’un certain nombre de pays du continent dont certains, qui sont traversés par le Nil, serait plus favorables à la position que soutient l’Ethiopie.
D’ailleurs, après le rejet par l’Ethiopie de la médiation américaine, le Kenya a fait savoir que ce sera aux pays africains de trouver une solution à ce différend entre deux Etats du continent.
L’Egypte, qui a déjà obtenu le soutien unanime des pays arabes, à l’exception du Soudan, ne compte pas laisser le soutien des pays africains aller uniquement à l’Ethiopie et ce, d’autant que le Nil traverse une dizaine de pays du continent.
L’Ethiopie a, de son côté, déjà commencé à solliciter les soutiens de ses voisins immédiats, et demande que certains pays africains se montrent solidaires de sa position. En janvier dernier, Addis-Abeba avait d’ailleurs demandé à l’Afrique du Sud de jouer un rôle de facilitateur dans ses échanges tendus avec Le Caire.
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Juste avant que le chef de la diplomatie égyptienne n’entreprenne ce périple africain, Le Caire avait obtenu le soutien des pays membres de la Ligue Arabe. Sameh Shoukry, ministre égyptien des Affaires étrangères a également rencontré à Paris, le vendredi 13 mars 2020, son homologue français, Jean-Yves Le Drian, pour l’informer des derniers développements de ces négociations hautement sensibles avec l’Ethiopie concernant le remplissage de ce barrage.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères a profité de cette visite de travail pour demander à la France que Etats-membres de l’Union Européenne soient également impliqués dans ces négociations, afin de pousser l’Ethiopie à signer l’accord sur le remplissage et l’exploitation du barrage, afin que la sécurité et la stabilité de cette région de la Corne de l’Afrique restent maintenues.
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Le différend entre l’Egypte et l’Ethiopie porte désormais sur les modalités concernant la durée du remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance. Le Caire craint que le remplissage de ce réservoir, à raison de 75 milliards de mètres cubes d’eau du Nil, n’entraîne une réduction importante du débit du fleuve sur le sol égyptien, alors même que le Nil fournit 97% des besoins en eau de du pays, et que sur les bords du Nil, vivent aujourd’hui 95% des quelques 105 millions d’habitants que compte l’Egypte.
La construction de cet immense ouvrage hydraulique, initié par l’Ethiopie sur le delta du Nil, est actuellement entré dans sa phase finale, et les deux pays sont désormais opposés sur la durée du remplissage du réservoir. L’Ethiopie souhaite un remplissage rapide du réservoir, sur un laps de temps compris entre 5 et 7 ans, afin de pouvoir produire rapidement de l’électricité, principale raison de la construction de cet ouvrage, le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, qui disposera, à terme, d’une capacité de production d’électricité de 6.450 mégawatts.
Pour sa part, l’Egypte, qui revendique un droit historique sur les eaux du Nil, exige un remplissage du réservoir étalé sur une période de plus de 12 ans, afin que cette activité n’impacte pas le débit de ce fleuve.