Cameroun. Crise anglophone: discussions entre le gouvernement et les leaders séparatistes

Ayuk Sisiku Tabe, principal leader séparatiste anglophone.

Ayuk Sisiku Tabe, principal leader séparatiste anglophone.. DR

Le 03/07/2020 à 17h08, mis à jour le 03/07/2020 à 17h12

Des représentants du gouvernement camerounais et neuf leaders séparatistes actuellement emprisonnés à Yaoundé ont entamé jeudi soir des discussions sur un cessez-le-feu dans les deux régions anglophones du pays, a-t-on appris vendredi de sources rebelle et de l'ONU.

Cette rencontre est une première depuis le déclenchement de la crise dans les deux régions anglophones en 2017."Neuf d'entre nous ont rencontré une équipe de la République du Cameroun, pour initier un cessez-le-feu suite à l'appel de l'ONU", a déclaré le principal leader séparatiste anglophone, Julius Ayuk Tabe, actuellement emprisonné, dans un message transmis à l'AFP par son avocat.

"Les détails sont toujours en cours de discussion et nous vous tiendrons informés lorsque des avancées significatives auront été faites", a-t-il ajouté. Cette rencontre a été confirmée à l'AFP par un haut responsable de l'ONU sous le couvert de l'anonymat.Contactées par l'AFP, les autorités camerounaises n'ont ni confirmé, ni infirmé cette information.

Les neuf leaders en question sont membres du "gouvernement intérimaire de l'Ambazonie", l'Etat indépendant qu'ils veulent créer, et sont tous détenus à la prison centrale de Yaoundé, où certains purgent des peines d'emprisonnement à vie, condamnés pour "terrorisme".

Depuis des années, la minorité anglophone, qui vit majoritairement dans ces deux régions, s'estime lésée par rapport aux francophones dans ce pays où anglais et français sont les langues officielles. Fin 2017, après des mois de manifestations d'avocats et d'enseignants réprimées férocement par le pouvoir, des séparatistes ont pris les armes contre Yaoundé.

Depuis, les combats sont quotidiens et les civils, pris en tenaille, sont victimes de crimes commis par les deux camps. Ce sanglant conflit a fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile, selon des ONG internationales.

En mars, les Nations unies avaient appelé à un cessez-le-feu dans ces deux régions, notamment pour mieux combattre l'épidémie du nouveau coronavirus. Mais cet appel était jusqu'ici resté lettre morte sur le terrain. Les opérations militaires semblant même, au contraire, s'intensifier.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/07/2020 à 17h08, mis à jour le 03/07/2020 à 17h12