"Le président se repose, il prie beaucoup mais ne parle plus de politique", confiait récemment à l'AFP, Issoufou Tamboura, un proche de l'ex-président du Niger, Mamadou Tandja.
Avec le temps la rue semblait avoir oublié les derniers mois de son régime pour ne retenir que l'image de "Baba Tandja" (le Père de la Nation), qui luttait contre la pauvreté.
"Baba Tanja, vous étiez une légende vivante de notre pays. Votre engagement à l'amélioration des conditions de vie des masses populaires du Niger profond demeurent inoubliable", avait récemment affirmé Oumarou Cissé Issa, un ancien conseiller à la présidence.
Trente-cinq ans avant le putsch qui l'a renversé, c'est un coup d'Etat qui lui avait permis de se faire connaitre.
Colonel de l'armée, il avait participé en avril 1974 au renversement du premier président du Niger indépendant, Diori Hamani, par le général Seyni Kountché (mort au pouvoir en 1987).
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Son nom était ainsi associé à ce régime dont beaucoup de Nigériens ont la nostalgie: les années qui l'ont suivi ayant été marquées par une instabilité politico-sociale et un appauvrissement drastique.
Plusieurs fois préfet et ministre de l'Intérieur, Mamadou Tandja acquiert la réputation d'un homme austère.
Répression des touareg
Il avait aussi mené la répression en mai 1990 d'une manifestation de Touareg qui avait fait 63 morts, déclenchant une première rébellion dans le nord de 1991-1995.
Propulsé par l'ex-parti unique, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD,) il est élu président en 1999 et réélu en 2004.
Confronté à une seconde rébellion touareg de 2007 à 2009, Tandja avait opté pour la fermeté, "traitant les rebelles de +bandits+ et ordonnant à l'armée de les mater", selon Laouali Amadou, un ancien conseiller à la présidence.
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Mais pendant ses dix ans de pouvoir, Tandja a surtout séduit par son combat contre la pauvreté. L'ex-président a ainsi traîné sa haute et longiligne silhouette aux côtés des paysans victimes de crises alimentaires sévères.
"Renforcer le pouvoir d'achat des paysans, leur permettre de mieux se nourrir, d'éduquer et soigner leurs enfants, c'est ça qui m'a poussé dans la politique", répétait-il dans ses rares discours.
Sa "devise c'est: +Le village d'abord, la ville ensuite+", expliquait alors Issa Sorka, un de ses conseillers.
A son arrivée au pouvoir, le Niger est au bord de la banqueroute. Les mesures d'austérité butent sur une contestation sociale et des critiques d'opposants.
Lutte contre pauvreté
Grâce aux fonds provenant de l'annulation des dettes du Niger par les bailleurs de fonds, Tandja se lance dans un politique de grands travaux avec la construction d'écoles, de centres de santé, de mini-barrages. Il électrifie des régions isolées tout en proposant des crédits aux femmes dans les zones rurales, et la gratuité des soins aux femmes et aux enfants de moins de 5 ans.
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Dans la foulée, il promet "une lutte implacable" contre la corruption, "écrouant ministres et amis impliqués dans des détournements", souligne Laouali Amadou.
Lui vit de manière austère: "Une fois, j'ai remplacé un lit +malfamé+ (usagé, ndlr) de sa chambre, et j'ai reçu en public une volée de bois vert de sa part", raconte Issoufou Tamboura.
"La seule fois qu'il est parti en vacances, c'était pour se rendre à Maïné-Soroa", son village natal, dans le sud-est nigérien, théâtre depuis 2015 d'attaques de Boko Haram, se souvient-il.
En 2009, à l'issue de ses deux mandats légaux, Mamadou Tandja tente de s'accrocher au pouvoir. Il veut un référendum constitutionnel qui lui permettrait de rester en place et affronte l'Assemblée nationale qu'il finit par dissoudre.
Le pays plonge dans une grave crise politique et en février 2010, Tandja est renversé par un coup d'Etat. Il est emprisonné, puis relaxé en 2011 par la justice.
En 2014, il avait rompu le silence pour réclamer un audit sur la gestion du pays par la junte militaire (2010-2011). Il avait été soigné en France en 2015.