Accord ou pas, l’Éthiopie poursuit la construction du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD, par son acronyme en anglais). Et les travaux sont si avancés que les autorités annoncent la date du début de la production d’électricité du barrage controversé.
Ainsi, lors d’une conférence en ligne avec l’University College London (UCL), Seleshi Bekele, ministre éthiopien de l’Eau, de l’irrigation et de l’énergie, a annoncé qu’«en juin 2021, le barrage commencera sa première phase de production d’électricité».
Avec cette annonce, les autorités éthiopiennes donnent une idée claire sur l’avancée des travaux de ce gigantesque barrage et de leur engagement à entamer la production d’électricité, et ce en dépit de l’absence d’accord sur la gestion de l'ouvrage controversé.
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Il faut dire que pour les autorités éthiopiennes, la finalisation du barrage de la Renaissance est une priorité du fait des retombées indéniables sur la population et l’économie du pays. En effet, le pays de 110 millions d’habitants compte actuellement une capacité installée de 4.200 MW et va plus que doubler sa production avec le GERD doté d’une capacité de 6.450 MW. En clair, une fois que le barrage sera entièrement opérationnel, le pays disposera d’une capacité de plus de 10.650 MW, si on ne tient pas compte des autres projets en cours de réalisation ou programmés.
C’est dire que la production d’électricité à partir du GERD est essentielle pour le pays dont le taux d’électrification se situe autour de 45%.
Reste que l’annonce du ministre éthiopien de l’Eau, de l’irrigation et de l’énergie intervient alors que les négociations entre l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte, pays situés en aval, sur le remplissage du géant réservoir du barrage et la gestion de celui-ci sont presque au point mort.
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D’ailleurs, cette sortie de Seleshi Bekele est intervenue quatre jours seulement après celle du Premier ministre soudanais Abdullah Hamdok affirmant que le barrage ne doit pas être exploité tant qu’un accord n’est pas trouvé.
Les trois pays continuent à discuter sous l’égide de l’Union africaine pour trouver une solution à leur différend. Toutefois, c’est toujours l’impasse sur les points de discorde techniques et juridiques. Le ministre égyptien de l’Eau et de l’irrigation, Mohamed Abdel-Atti, soulignait, tout dernièrement, que l’Éthiopie était responsable de l’échec de la conclusion d’un accord global avec les pays en aval du Nil (l'Égypte et le Soudan) concernant l‘exploitation et le remplissage de son barrage.
L’Égypte, pays situé en aval du Nil, craint que le remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance de 74 milliards de mètres cubes ne réduise sa part d’eau (55,5 milliards de mètres cubes).
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Si l’Égypte et le Soudan insistent sur la nécessité de la mise en place de règles et de mécanismes de fonctionnement du barrage et du processus de remplissage du réservoir de celui-ci, l’Éthiopie fait la sourde oreille sur ces points en arguant la nécessité de revoir l’accord de partage des eaux entre les trois pays. Ce que les deux pays en aval refusent catégoriquement.