Cameroun: saisie de substances chimiques pour la fabrication des bombes artisanales

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Le 01/12/2020 à 12h13, mis à jour le 01/12/2020 à 12h16

Les douaniers ont intercepté, à Douala, des bidons contenant du peroxyde d’hydrogène, un composé chimique utilisé dans la fabrication d’engins explosifs improvisés. Ce, alors que les explosions à la bombe artisanale se multiplient dans des grandes villes du pays, dont la capitale Yaoundé.

Les Douanes camerounaises ont saisi, vendredi 27 novembre, des bidons contenant 300 litres de peroxyde d’hydrogène, un composé chimique utilisé notamment dans la fabrication de bombes artisanales. Les bidons ont été interceptés lors d’un contrôle de routine à Douala, la métropole économique, dans le cadre de l’opération Halte au commerce illicite (HALCOMI 3).

Selon le quotidien public Cameroon tribune, la cargaison illicite se trouvait à bord d’un véhicule d’un particulier en provenance de la région anglophone du Sud-Ouest, en proie à la crise depuis fin 2016.

Le peroxyde d’hydrogène est contenu dans des produits quotidiens comme les engrais, les produits de nettoyage de piscine ou les dissolvants. Mais ce produit peut être détourné de son usage initial à des fins terroristes. En octobre dernier, l’administration douanière a annoncé la saisie de onze charges explosives et des produits chimiques «dangereux» à Kontcha, une commune située dans la région septentrionale de l’Adamaoua, à proximité de la frontière avec le Nigeria.

En août, plus de deux tonnes d’engins explosifs improvisés (EEI) étaient interceptées dans la localité de Pakete dans la région du Nord, toujours dans la partie septentrionale du pays. La plus grosse saisie de EEI jamais opérée au Cameroun.

Cette nouvelle saisie intervient alors que les explosions à la bombe artisanales se multiplient dans certaines grandes villes du pays, dont la capitale Yaoundé. La dernière s’est produite en novembre dernier à Bonabéri, un quartier situé dans le quatrième arrondissement de Douala.

L’explosion a fait des victimes : les deux poseurs de bombes, blessés grièvement. Après cet incident, le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a interdit le port des sacs à dos dans les bars, les restaurants et les supermarchés.

«Cette mesure vise à assurer la sécurité des personnes et des biens dans les lieux à forte concentration humaine», expliquait l’autorité administrative dans un communiqué le 20 novembre.

Une mesure similaire avait été prise quelques jours plus tôt par la préfecture du Mfoundi (dont dépend Yaoundé), à la suite de l’explosion d’une bombe artisanale dans un snack-bar de la capitale le 1er novembre. Au moins neuf personnes avaient été blessées, selon les autorités. Cette explosion était la cinquième d’une série à Yaoundé depuis le mois de juin dernier.

Dans un message-porté du 24 juin, le secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie, Galax Etoga, attirait l’attention de ses collaborateurs sur les «menaces des attaques terroristes» dans les grandes villes du pays avec la multiplication de l’usage des bombes artisanales.

Pour faire face à la menace, il a notamment instruit d’intensifier la recherche du renseignement prévisionnel, de renforcer les comités de vigilance et de resserrer les dispositifs de contrôle aux différentes entrées de villes par l’identification des usagers et les fouilles systématiques.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 01/12/2020 à 12h13, mis à jour le 01/12/2020 à 12h16