Omicron: pourquoi de grands pays ont levé rapidement les restrictions aux voyages envers les pays d’Afrique australe

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Le 30/12/2021 à 17h37, mis à jour le 31/12/2021 à 08h09

Le variant Omicron se répand comme une trainée de poudre dans le monde. Pourtant, le Royaume-Uni, le Canada et les Etats-Unis, qui avaient fermé rapidement leurs frontières aux pays d’Afrique australe, ont rétabli les voyages depuis et vers ces destinations.

Au lendemain de l’annonce de la découverte d’un nouveau variant du Covid-19, Omicron, en Afrique du Sud, tous les pays de la région d’Afrique australe ont été rapidement mis au banc et ont vu les frontières des pays occidentaux se refermer très rapidement. Une situation qui a fini par susciter l’indignation des dirigeants de ces pays et même au-delà.

Seulement voilà, à peine un mois après la découverte dOmicron, et malgré un nombre de contagions encore très élevé, même s’il est en baisse en Afrique du Sud, le Royaume-Uni, le Canada et, enfin, les Etats-Unis, ont annoncé la réouverture de leurs frontières aux ressortissants des pays d’Afrique australe.

Ainsi, dès le 14 décembre 2021, l’Angleterre a mis fin aux dures restrictions sur les arrivées de 11 pays d’Afrique, notamment ceux d’Afrique australe. Le Canada a suivi le dimanche 19 décembre soulignant que la mesure «n’était plus nécessaire», puisque le variant Omicron se propageait désormais entre Canadiens.

Et après le Royaume-Uni et le Canada, c’est autour des Etats-Unis de lever l’interdiction de voyage depuis les pays d’Afrique australe, à partir du 31 décembre, justifiant cette décision par le fait que le niveau de danger du nouveau variant est plus faible qu’estimé initialement et que les personnes vaccinées contre le Covid-19 sont protégées contre les formes graves de la maladie, selon les experts américains.

Derrière ces décisions, plusieurs facteurs sont avancés. D’abord, il est devenu aujourd’hui inutile, sinon discriminatoire, d’imposer des restrictions aux seuls pays d’Afrique australe alors que le virus est actuellement présent dans plus d’une centaine de pays.

Mieux, certains pays européens sont aujourd’hui beaucoup plus affectés que l’Afrique du Sud par le nouveau variant Omicron. C’est le cas de la France où 208.000 cas ont été recensés durant les dernières 24 heures. Record quotidien également au Royaume-Uni avec près de 130.000 contaminations en Angleterre et aux Pays de Galles. Au Portugal, ce sont plus de 170.000 nouvelles contagions au Covid-19 qui ont été enregistrées au cours des dernières 24 heures, un record absolu.

Ensuite, et c’est certainement le facteur le plus important, malgré le manque de recul, il semble que Omicron a rapidement cessé d’être une source d’inquiétude pour se transformer rapidement à un espoir pour l’humanité. Si dès le départ les experts sanitaires sud-africains avaient fait part de symptômes légers présentés par les personnes infectées, il a fallu attendre les résultats des études menées en Afrique du Sud, en Angleterre et en Ecosse pour avoir une idée claire sur la contagiosité et surtout la gravité du nouveau variant.

Et d’après les résultats de ces études, si Omicron est effectivement jusqu’à 5 fois plus contagieux que le variant Delta, en revanche ce nouveau variant du Sars-Cov-2 générerait 80% de moins de cas graves Delta. Cela se reflète clairement dans le fait que le grand le nombre de contaminations n’est pas suivi par une forte augmentation des hospitalisations et des décès, contrairement à ce qui s'était passé lors de la vague de contagion avec le variant Delta.

En Afrique du Sud, où le variant a été détecté officiellement pour la première fois le 25 novembre dernier, le nombre de contaminations a fortement chuté à 9.020 nouveaux le 29 décembre, contre 37.875 cas lors du pic atteint le 12 décembre courant. Le pays est donc en train de juguler la pandémie grâce à un variant Omicron devenu très majoritaire. De même, les décès continuent de baisser avec une moyenne de 50 décès par jour sur les 7 derniers jours.

En conséquence, plusieurs pays n’hésitent plus à s’ouvrir espérant le remplacement du variant Delta, dont la gravité n’est plus à démontrer, par le variant Omicron, plus contagieux certes, mais beaucoup moins dangereux, jusqu’à présent. Le variant Omicron est désormais majoritaire parmi les infections au Covid-19 en France où 62,4% des tests criblés montraient un profil compatible avec cette nouvelle souche du virus. 

Reste que les autorités sanitaires des pays développés font désormais face à cette marée de contagions exponentielles et craignent que celle-ci n’entraîne tout de même une nouvelle flambée des hospitalisations et une saturation des hôpitaux. Ce qui est encore loin d'être le cas.

L’autre inquiétude est que si les données en provenance d’Afrique du Sud et des pays d’Afrique australe sont rassurantes, beaucoup de spécialistes appellent encore à la prudence. Ils soulignent en effet que les résultats préliminaires sur un risque moindre d’hospitalisation observé en Afrique du Sud et dans certains pays concernent surtout des «populations jeunes et en bonne santé dans des pays avec des taux élevés de vaccination», alors que les pays européens ont globalement des populations vieillissantes et donc beaucoup plus fragiles. 

Par Moussa Diop
Le 30/12/2021 à 17h37, mis à jour le 31/12/2021 à 08h09