Cameroun: la crise Anglophone vire à la pyromanie

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Le 23/05/2017 à 19h22, mis à jour le 23/05/2017 à 19h25

Des incendies criminels en série sont déclarés chaque jour dans l’une des villes des régions anglophones du nord-ouest et sud-ouest. Universités, écoles, hôpitaux et commerces, tout crame à cause des pyromanes.

En marge des efforts faits par le gouvernement du Cameroun pour apporter des solutions aux problèmes de marginalisation posés par les élites de la partie anglophone du pays, des mains criminelles sont à l’œuvre. Elles sèment désormais la terreur au sein des populations en multipliant des incendies dans les chefs-lieux des deux régions anglophones, Bamenda et Buea.

Le dernier en date a été enregistré le 21 mai dernier à Buea (sud-ouest), au lendemain de la célébration de la fête de l’Unité nationale. Une commémoration d’ailleurs boudée par certaines formations politiques de l’opposition, comme le Social democratic front (SDF), dont le quartier-général est à Bamenda. Ce jour-là, des mains criminelles ont mis le feu au GCE Board, structure en charge de l’organisation des examens officiels dans le sous-système anglophone de l’enseignement secondaire. Les autorités administratives assurent cependant qu’il y a finalement eu plus de peur que de mal. Les copies des examens n’ayant pas été touchées.

Du côté de Bamenda dans le nord-ouest, il ne se passe plus un seul jour sans qu’un incendie n’ait été déclaré. Les pyromanes ont commencé depuis mars 2017, par incendier les marchés, en représailles aux vendeurs qui n’observent pas le mot d’ordre de «ville morte».

Lancé de façon clandestine, l’opération consiste à cesser toute activité durant certains jours. Depuis le lancement de ces opérations, plus de 200 commerces sont ainsi partis en fumés, avec des pertes inestimables.

Depuis, les incendies ont gagné universités et écoles, plombant ainsi la reprise effective des cours arrêtés depuis le lancement du mouvement de grève. Ils ont touché la faculté de sciences de la santé de l'Université de Bamenda dans le quartier de l'hôpital régional, le lycée bilingue de la ville, suivi par l’école publique primaire bilingue.

Dans la foulée, le Centre d'autonomisation des femmes a brûlé dans la nuit du 19 mai 2017. Les fonctionnaires de cette administration n’avaient pas observé le boycott. Les voitures personnelles de certains habitants de la région ont été également calcinées.

Avec ces incendies, on est désormais très loin des préoccupations de base, soulevées par les enseignants anglophones et avocats Common Law.

Une chose est certaine, les incendies des commerces, écoles et autres structures publiques compromettent le droit à l'éducation et freinent davantage le développement économique des régions anglophones. Lesquelles captent pourtant toute l’attention des pouvoirs publics camerounais en ce moment. La plupart des projets de développement sociaux et infrastructurels vont vers elles. Mais rien n’y fait…

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 23/05/2017 à 19h22, mis à jour le 23/05/2017 à 19h25