Cameroun. Tragédie ferroviaire d’Eséka: polémique autour des indemnisations

DR

Le 29/06/2017 à 09h06, mis à jour le 29/06/2017 à 09h28

Les indemnisations des victimes de l’accident ferroviaire d’Eséka divisent les avocats de la partie civile et les dirigeants de Camrail, filiale camerounaise du groupe Bolloré. Les avocats des victimes contestent le système d’indemnisation mis en place.

Dans une note d’information publiée ce 28 juin 2017, la société Camrail, concessionnaire du chemin de fer camerounais et dont le Groupe Bolloré est l’actionnaire majoritaire, dénonce l’attitude et les pratiques de certains avocats et collectifs d’avocats. Ces derniers sont des représentants des victimes de l’accident ferroviaire survenu le 21 octobre 2016.

D’après l’entreprise, ils «bloquent toute discussion d’indemnisation et se livrent à une désinformation qui nuit à l’intérêt des familles». Pour Camrail, ces avocats agissent à «des fins mercantiles».

Aussi, l’entreprise tient-elle à rassurer les victimes et leurs familles, que toute information faisant état d’une éventuelle prescription, une date limite au-delà de laquelle Camrail refuserait d’indemniser les victimes, est fausse. «Toutes les personnes normalement enregistrées disposeront de tout le temps nécessaire pour instruire leur dossier», précise Camrail, tout en affirmant que plusieurs centaines de victimes ont déjà reçu, de l'entreprise et de ses assureurs, des indemnisations pour préjudices matériels et corporels.

Cette sortie médiatique intervient alors que, de l’avis des victimes et de leurs représentants, le processus d’indemnisation traine. Le procédé mis en place par Camrail est d’ailleurs contesté par des avocats des victimes. «C’est un système forfaitaire. Nous contestons cette façon de brader les intérêts des gens», a déclaré Me Michel Voukeng. Les négociations se poursuivent pour indemniser les victimes «dignement».

De son côté, l’Etat du Cameroun, à travers son président, Paul Biya, a décidé récemment de débloquer une somme d’un milliard de F CFA (environ 1,52 million d’euros), pour une assistance complémentaire à verser à ces victimes ou à leurs ayants droit.

Recommandation a également été faite à Camrail d’accélérer le processus d’indemnisation.

Rappelons que le rapport de la commission d’enquête mise en place à la suite de la catastrophe ferroviaire a clairement établi la responsabilité de Camrail dans l’accident qui a fait 79 morts et plus de 600 blessés en concluant que la cause principale du déraillement du train Intercity n°152 est une vitesse excessive (96 km/h).

Dans la portion de voie où a eu lieu l’accident, la vitesse est fortement limitée (40km/h). Des anomalies telles que la surcharge du convoi et une rallonge inappropriée de la rame, l’utilisation de voitures de voyageurs présentant des organes de freinage défaillants ont aussi été constatées.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 29/06/2017 à 09h06, mis à jour le 29/06/2017 à 09h28