Cameroun. Crise anglophone: l’Etat renforce le corps enseignant avec 1.000 recrutements

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Le 14/09/2017 à 18h03

8.000 dossiers de candidature ont déjà été enregistrés pour le recrutement de 1.000 diplômés bilingues dans la fonction publique. Cependant, la crise, récupérée par des mouvements sécessionnistes, semble de plus en plus s’éloigner des revendications initiales des syndicats des enseignants.

Afin de faire face au déficit des enseignants dans les matières scientifiques et techniques, notamment dans les zones anglophones du pays, le gouvernement camerounais a lancé depuis peu, le recrutement de 1.000 diplômés bilingues dans la fonction publique. Instruite par le chef de l’Etat camerounais, cette initiative fait partie des nombreuses mesures déjà prises pour contenter les syndicats d’enseignants anglophones et mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis la fin de l’année 2016.

Au cours d’une réunion le mercredi 13 septembre 2017, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Michel Ange Angouing, a révélé que plus de 8.000 dossiers de candidature ont déjà été réceptionnés dans ses services.

Le Comité technique mis en place pour la circonstance a même déjà commencé à plancher sur la sélection des candidats. Celle-ci se fait sur étude de dossier et à la suite d’entretiens. Parmi les critères de sélection, la tranche d’âge, l’année d’obtention du diplôme, la mention obtenue, l’approche genre… Mais surtout, le caractère bilingue du candidat, qui doit être apte à parler le français et l’anglais.

Sauf que, ce qu’il convient désormais d’appeler la «crise anglophone» au Cameroun, a depuis longtemps dépassé le cadre initial des revendications lancées par les syndicats d’enseignants et d’avocats d’obédience anglophone, lors d’un mouvement de grève. Ceux-ci ont aujourd’hui perdu le fil du mouvement, désormais récupéré par des groupes sécessionnistes, qui revendiquent notamment l’indépendance de la partie anglophone du Cameroun.

Ainsi, par exemple, les cours ont tardé à reprendre dans les établissements scolaires, alors que les syndicats avaient levé leur mot d’ordre de grève en début d’année, faisant planer l’ombre d’une année blanche dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Des groupes de manifestants ont semé la terreur auprès de la communauté éducative, incendiant les écoles et violentant ceux qui se risquaient à reprendre le chemin des classes.

Des caches d’armes de groupes armés, dont l’objectif était de commettre des attentas terroristes ont été découvertes. Le nom d’un Etat fantôme dénommé l’Ambazonie, se réclamant du ressort territorial des deux régions anglophones du Cameroun, a depuis, fait son apparition.

Du reste, les partisans de cet Etat et de la sécession du Cameroun, en quête de soutien international, ont sollicité une audience auprès d’Elisabeth II, reine du Royaume de Grande-Bretagne. Une requête rejetée par le cabinet de la reine. De son côté, l’Etat du Cameroun continue de s’atteler à apporter des solutions aux revendications de départ des syndicats anglophones. Il sera cependant difficile de mesurer leur efficacité face aux mouvements sécessionnistes, qui semblent désormais avoir pris les devants.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 14/09/2017 à 18h03