Cameroun: la baisse des financements pour la gestion des réfugiés centrafricains préoccupe

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Le 22/09/2017 à 14h10

Une mission des Nations Unies et de ses partenaires était en visite dans l’Est du pays cette semaine pour évaluer la situation humanitaire. Le Cameroun qui accueille plus de 230 000 réfugiés de la crise centrafricaine s'inquiète de la baisse des financements dédiés à ces réfugiés.

Les chefs des agences du Système des Nations Unies au Cameroun, accompagnés du ministère de l’Administration territoriale, ainsi que de partenaires, se sont rendus du 19 au 21 septembre 2017, dans l’Est du Cameroun.

Cette visite conjointe était notamment destinée à évaluer les projets mis en œuvre en faveur des réfugiés centrafricains et des populations hôtes des localités de Garoua-Boulaï, d’Abo Boutilla et de Gado.

Occasion de réévaluer les besoins et d’identifier les perspectives dans le cadre de l’aide humanitaire et du développement des populations de cette partie du pays, en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie. Car, la région de l’Est du Cameroun fait face depuis 2014 à une situation humanitaire, due à l’afflux massif des réfugiés centrafricains. A ce jour, les régions de l’Est, de l’Adamaoua et du Nord abritent 232.917 réfugiés centrafricains. 30% vivent dans sept sites aménagés et 70% avec la population hôte. Un nombre conséquent de réfugiés qui constitue un poids important pour les ressources naturelles déjà insuffisantes pour les populations locales.

Cependant, si les réfugiés augmentent, les contributions financières sont en baisse. Aucun chiffre n’a été communiqué par les Nations Unies, qui affirment cependant que leurs interventions sont de ce fait réduites à l’est du Cameroun.

Conséquence, on note un accès limité aux services sociaux de base tels que la santé, la nutrition, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, l’éducation, l’assistance alimentaire, l’autonomisation des réfugiés, etc.

A l’école primaire d’Abo Bouttila par exemple, 371 élèves s’entassent dans trois classes couvrant un cycle primaire complet. Le tout, sous l’encadrement de seulement deux maîtresses. Selon Parfait Tsimi, chef de projet de la prévention primaire du programme Vih-Sida à Garoua Boulaï, les réfugiées sont nombreuses dans les rangs des prostituées. «Sans pour autant vouloir les stigmatiser, on peut dire qu’elles constituent environ 80% des effectifs des travailleuses du sexe à Garoua-Boulaï, où il y a peu d’emplois pour les populations», déclare-t-il.

De nombreux projets intégrant aussi les populations hôtes, sont mis en œuvre pour autonomiser les réfugiés. Mais les besoins restent nombreux. «Il y a des points encourageants. Il y a eu des projets partout qui ont été fait pour accueillir et intégrer ces réfugiés: forages, puits, écoles, etc. On sait qu’on a une grande population avec beaucoup de jeunes et qu’ils ressentent une certaine frustration. Ils veulent être actifs. Le plus encourageant, c’est qu’on a pu être sur place avec les bailleurs de fonds. Il faut être plus efficient dans ce que nous faisons, et être plus efficace avec les moyens dont nous disposons. En même temps, le plaidoyer continue», déclare Geert Casteele, représentant-adjoint chargé des opérations du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés.

Une enquête concernant l’intention de retour menée en avril 2016 auprès des ménages de réfugiés centrafricains au Cameroun montre que 70% de ceux-ci, dans les trois régions frontalières (Est, Adamaoua, Nord) choisiraient de rester encore au Cameroun. Seuls 27% se disent prêts à retourner en RCA et 3% à être installés dans un pays tiers. Mais, seuls 16% de ceux qui sont prêts à rentrer (environ 11.000 personnes) seraient prêts à le faire dans un avenir proche. Le reste (environ 60.000 personnes), préfèrent attendre des conditions plus favorables.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 22/09/2017 à 14h10