Cameroun. polémique des ordinateurs Biya: quand l'équation 32 Go=500 Go cherche solution

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Le 04/01/2018 à 16h25, mis à jour le 04/01/2018 à 16h28

L’explication du Pr. Roger Atsa Etoundi, directeur des systèmes d’information au ministère de l’Enseignement supérieur au sujet de la faible capacité de stockage des appareils offerts par le chef de l’Etat, passe mal. Les internautes camerounais ont détourné sa formule magique à toutes les sauces.

«Ce sont des disques SSD ultra-rapides de 32 Go. Au premier abord, on se dit que 32 Go, c'est petit. Mais avec cette technologie, 32 Go, ça fait 500 Go dans l'ancienne technologie», dixit Roger Atsa Etoundi, directeur des systèmes d’information au ministère de l’Enseignement supérieur.

Une tentative maladroite d’expliquer la faible capacité de stockage des ordinateurs distribués aux étudiants des universités camerounaises, dans le cadre d’une promesse du président de la République.

Conséquence, depuis, l’enseignant est raillé sur Internet. Les parodies de ses explications se multiplient. Pour d’aucuns, «32=500» est la formule mathématique du siècle, encore plus fort que la découverte d’Albert Einstein et son E=MC2.

Des internautes ont même rivalisé de démonstrations mathématiques pour expliquer cette formule.

Une marque de Streetwear a senti le bon filon en imprimant des t-shirts avec la formule. Ceux-ci sont très tendance actuellement auprès des jeunes. Un billet de 32 francs CFA à l’effigie du professeur dont la valeur «réelle» est de 500 francs CFA a été imprimé pour l’occasion par «la banque des anciennes et nouvelles monnaies». Et puisque la saison est aux vœux, le raccourci est tout trouvé. Souhaiter la bonne année à 32 personnes en 2018 revient à la souhaiter à 500 personnes en 2017.

La polémique a pris une telle ampleur que deux membres du gouvernement, les ministres de l’Enseignement supérieur et de la Communication, ont convoqué la presse pour tenter d’apporter des éclaircissements. «Les ordinateurs concernés par le projet «E-national Higher Education» sont conçus pour permettre à leurs utilisateurs de satisfaire leurs besoins didactiques les plus pressants, à savoir: accéder partout où ils se trouvent aux ouvrages et aux documents numériques acquis dans le cyberespace, se connecter dans les conditions optimales à l’Internet, produire des documents académiques et les transmettre à distance et à volonté, stocker dans des supports internes ou externes connectés à l’ordinateur, des ouvrages et tout autre document numérique», a déclaré le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary. Pour lui, il s’agit là des quatre besoins didactiques de base prescrits par le cyberespace universitaire mondial.

Le coût du projet a aussi été détaillé: 75 milliards de francs CFA dont 50 milliards pour la fabrication, le transport et la distribution de 500 000 ordinateurs, à raison de 100 000 francs par ordinateur. Les 25 milliards de francs CFA restants étant consacrés à la construction, à l’équipement et au renforcement des capacités des personnels des neuf centres de développement numérique universitaire, auxquels il faut ajouter les mêmes prestations pour le centre national de gestion du réseau interuniversitaire qui sera mis en place.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 04/01/2018 à 16h25, mis à jour le 04/01/2018 à 16h28