Nigeria: grande offensive régionale contre Boko Haram

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Le 09/01/2018 à 19h39, mis à jour le 10/01/2018 à 10h22

Les militaires nigérians et des soldats de pays voisins ont lancé une grande offensive contre les deux factions du groupe islamiste Boko Haram et leurs dirigeants dans leurs bastions du nord-est du Nigeria, a annoncé mardi l'armée nigériane.

Des soldats du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria, alliés dans le cadre d'une force régionale formée en 2015 pour lutter contre Boko Haram, ont visé les chefs jihadistes Abubakar Shekau, dans la forêt de Sambisa, et Mamman Nur, dans la région du lac Tchad, deux zones de l'Etat du Borno où le groupe est actif.

Selon l'armée nigériane, quatre soldats ainsi que des dizaines de combattants islamistes ont été tués au cours des derniers jours tandis que des centaines d'insurgés ont été forcés de se rendre.

Nur a été blessé et une de ses femmes tuée au cours d'un bombardement de l'aviation, ont déclaré des hauts responsables militaires à Abuja et Shekau est "un cheval épuisé, qui attend son Waterloo", a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Sani Usman.

L'opération baptisée "Deep Punch 2" a fait "de remarquables progrès", a-t-il dit mardi.

Le porte-parole a précisé que quatre soldats avaient été tués et neuf blessés lundi lors d'un attentat à la voiture piégée contre un véhicule militaire près du camp de Shekau. D'autres responsables militaires et des milices civiles anti-Boko Haram interrogés par l'AFP ont fait état d'un bilan de dix morts.

Des responsables camerounais de la sécurité ont aussi affirmé que deux soldats camerounais avaient été tués dans la forêt de Sambisa, sans que l'on sache s'ils faisaient partie du bilan mentionné par l'armée nigériane.

"Nous avons perdu deux soldats intégrés dans la Force multinationale mixte (la force régionale) lors d'une opération lancée à Sambisa contre Boko Haram. L'opération a été engagée il y a plusieurs jours. Les deux militaires camerounais ont été tués ces jours-ci lors des combats. L'armée nigériane est très engagée dans cette opération, mais aussi d'autres forces comme celle du Cameroun", selon une source sécuritaire jointe dans la région de l'extrême-nord du Cameroun.

Shekau est à leur portée

Les opérations contre Shekau, qui a fait allégeance à l'organisation Etat islamique, sont concentrées sur la zone de Parisu.

Un dirigeant de milice a précisé que l'attentat à la voiture piégée contre des soldats s'était produit dans le village de Lagara où des mines posées par Boko Haram protègent dans des marais le camp de Shekau. "Une fois la rivière franchie par les soldats, ils sont à Parisu. Shekau est à leur portée", a-t-il dit.

Selon un chef de milice anti-Boko Haram, l'autre chef jihadiste, Nur, qui entretiendrait des relations avec les groupes liés à Al-Qaïda en Afrique du Nord, aurait été blessé par le raid aérien lancé sur un camp de l'ile de Tumbin Kare, sur le lac Tchad, où il s'était rendu la semaine dernière depuis son quartier général de Tumbin Gini.

"Mamman Nur se déplaçait autour des îles sous son contrôle pour éviter d'être repéré. Cette fois il n'a pas eu de chance", a-t-il dit.

Boko Haram mène une insurrection depuis 2009 pour la création d'un Etat islamique dans le nord-est du Nigeria, des violences qui ont fait au moins 20.000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés.

Le président nigérian Muhammadu Buhari, un ex-général qui devrait briguer un second mandat l'an prochain, a été élu en 2015 sur la promesse d'en finir avec les insurgés.

Lui-même et de hauts responsables militaires ont assuré à plusieurs reprises que le groupe avait largement été vaincu, chassé par l'armée de vastes territoires du Nord-Est dont il s'était emparé, mais Boko Haram poursuit régulièrement ses attentats dans des zones éloignées.

La faction dirigée par Nur a revendiqué vendredi dernier un raid sur une base militaire qui a fait neuf morts fin décembre.

Shekau, plusieurs fois donné pour mort par les autorités, est apparu le 2 janvier dans une nouvelle vidéo, revendiquant une série d'attaques dans la capitale du Borno, Maiduguri, et dans les villes de Gamboru et Damboa frontalières du Cameroun.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 09/01/2018 à 19h39, mis à jour le 10/01/2018 à 10h22