Union africaine: le siège de l’institution espionné durant 5 ans par la Chine

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Le 27/01/2018 à 19h00, mis à jour le 28/01/2018 à 20h37

Revue de presseLa Chine, qui a construit le siège de l’Union africaine en 2011, n’a pas fait que livrer gracieusement la tour de verre. Elle s’est tenue informée des moindres détails des importantes décisions prises par les Chefs d’Etat africains entre janvier 2012 et janvier 2017! Détails.

Kiosque Le360 Afrique: La générosité chinoise a ses limites. Et une chose est sûre, cette découverte d’espionnage va ternir un peu plus l’image que certains ont des relations entre la Chine et le Continent.

En effet, selon le quotidien français Le Monde, le siège de l’Union africaine, qui abrite actuellement le 30e sommet de l’organisation panafricaine, un don de la Chine au Continent, a été l’objet d’un cyber-espionnage durant 5 ans. En clair, ce bâtiment où ministres et présidents africains se retrouvent globalement deux fois par an pour discuter des grands enjeux du Continent était truffé de logiciels espions chinois lors de sa livraison en 2012.

Et le pot au roses, n’a été découvert que 5 ans après la livraison du bâtiment. «En janvier 2017, la petite cellule informatique de l’UA a découvert que ses serveurs étaient étrangement saturés entre minuit et 2 heures du matin», selon le quotidien français. Seulement, chose étrange, durant cette période de la nuit, l’activité est morte car aucune âme, ou presque, ne vit dans le bâtiment. Pourtant, c’est durant cette période que «les transferts des données atteignent des sommets», explique le journal.

Intrigué, un des informaticiens de l’UA a voulu comprendre cet étrange phénomène. Il découvre alors un transfert massif de données de l’institution panafricaine qui se retrouvent stockées à 8.000 km d’Addis-Abeba dans des serveurs hébergés à Shanghaï, en Chine.

Comment est-ce possible? Pour comprendre cette situation de cyber espionnage, il faut remonter à la construction du siège de l'Union africaine.

En effet, les Chinois ne se sont pas seulement contentés de construire gracieusement le siège de l’Union africaine, ils ont également livré, clés en main, tout le système informatique. Et du coup, les informaticiens chinois ont créé des failles dans le système avec «des portes numériques dérobées (”backdoors”) qui donnent un accès discret à l’intégralité des échanges et des productions internes de l’organisation», révèle Le Monde. La tâche était d’autant plus facile que les ingénieurs en informatique chinois continuaient à officier au sein du siège durant toute la période allant de janvier 2012 à janvier 2017. 

Du coup, les Chinois ont été au courant de tous les contenus des décisions sensibles prises au sein du bâtiment entre janvier 2012 et janvier 2017. C’est dire que le don chinois n’était pas gratuit, même si les Chinois l’ont emballé avec le slogan «Don de la Chine aux amis de l’Afrique».

A la suite de la découverte de cet espionnage, les ingénieurs chinois ont été remerciés gentiment. En Afrique, à cause de la dépendance vis-à-vis du géant chinois, généreux donateur, l’Union africaine a préféré ne pas faire de cette affaire un scandale. 

Les serveurs chinois ont été depuis changés et, cette fois-ci, l’institution panafricaine a décliné l’offre chinoise de les configurer…«gracieusement».

Suite à cette situation, l’Union africain s’est dotée d’un Data Center qui abrite une grande partie du système informatique de l’organisation. En plus, pour protéger ses données, désormais, toutes les communications sont cryptées et ne passent plus par l’opérateur telecom éthiopien Ethio Telecom.

En outre, une nouvelle architecture informatique a été mise en place et le système de vidéoconférence a été développé, mais cette fois-ci par le biais des compétences internes.

Reste qu’avec un budget de 10 millions de dollars par an pour le système informatique, l’organisation ne peut pas lutter contre le cyber espionnage. D’ailleurs, les Chinois ne sont pas les seuls. Ainsi, selon les données divulguées par le site The Intercept, «les antennes des services secrets britanniques n’ont pas épargné l’Union africaine. Entre 2009 et 2010, plusieurs responsables ont ainsi vu leurs appels et leurs courriels interceptés». C’est dire que le système informatique de l’Union africaine reste à la merci des services d’espionnage étrangers.

Par Kofi Gabriel
Le 27/01/2018 à 19h00, mis à jour le 28/01/2018 à 20h37