Cameroun: la Commission anticorruption aux trousses du ministre de l’Economie

Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire.

Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire. . DR

Le 26/05/2018 à 09h22, mis à jour le 26/05/2018 à 10h54

La Commission nationale anticorruption demande des clarifications au ministre de l’Economie sur l’existence d’un compte bancaire de l’ambassade du Cameroun en France. Ce compte a servi à l’achat de titres au nom du Cameroun sans que l’administration compétente en soit informée.

Le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, doit rendre des comptes à la Commission nationale anticorruption (CONAC) sur la gestion d’un compte bancaire de l’ambassade du Cameroun à Paris logé à la Société Générale, et dont il serait le gestionnaire exclusif. Le solde créditeur bloqué dudit compte est chiffré à 2.338.725.522 francs CFA au 20 septembre 2017.

L’existence de ce compte a été découverte lors d’un contrôle de la gestion comptable et financière de l’ambassade camerounaise en France, effectuée par une mission de la CONAC. Les contrôleurs auraient appris que le ministre se serait «attribué l’exclusivité de la gestion» de ce compte bancaire, selon les explications fournies par le payeur-percepteur de l’ambassade du Cameroun.

Le ministre de l’Economie aurait également procédé unilatéralement à l’achat de titres au nom du Cameroun, toujours d’après les dires du payeur-percepteur. Ce dernier n’a cependant pas présenté à la mission de la CONAC, les titres achetés, ni précisé l’identité et le capital des sociétés dont le Cameroun serait ainsi devenu actionnaire «dans l’ignorance la plus totale de l’administration compétente pour la gestion du portefeuille des investissements financiers de l’Etat», à savoir la Société nationale d’investissements (SNI).

Cette société à capital public, avec l’Etat comme actionnaire unique, a pour objet la mobilisation et l’orientation de l’épargne nationale et de tout autre moyen financier national et international.

Aujourd’hui, la CONAC exige des clarifications à Alamine Ousmane Mey, qui gérait le portefeuille des finances jusqu’à sa mutation au ministère de l’Economie à la faveur du réaménagement ministériel du 2 mars dernier, opéré par le chef de l’Etat.

Dans une correspondance datée du 5 février dernier qui a fuité sur internet, le président de l’organisme chargé de la lutte contre la corruption demande ainsi au ministre en charge de l’Economie de confirmer, «pour la haute attention du président de la République», qu’il est bien l’unique gestionnaire du compte en question.

Dieudonné Massi Gams réclame également des éclaircissements sur la valeur totale des titres ou actions qu’il a fait acquérir à l’Etat du Cameroun, le capital et l’adresse des sociétés ou entreprises dont le Cameroun est ainsi devenu actionnaire, ainsi que le sort réservé aux éventuels dividendes versés.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 26/05/2018 à 09h22, mis à jour le 26/05/2018 à 10h54