Une réunion de concertation entre la Commission nationale anticorruption (CONAC) et les inspecteurs généraux des ministères, les inspecteurs régionaux des services et les présidents des cellules ministérielles de lutte contre la corruption s’est tenue ce mercredi 18 avril 2018 au siège de la CONAC à Yaoundé, la capitale.
L’ordre du jour portait notamment sur la redynamisation des cellules ministérielles de lutte contre la corruption. Le constat fait au sortir de cette réunion est amer: la stratégie nationale de la lutte contre la corruption est loin d’être effective dans les départements ministériels. L’objectif fixé de 60% n’est pas atteint, car les cellules ministérielles de lutte contre la corruption ne remplissent pas leurs missions.
Celles-ci consistent, entre autres, à veiller à la mise en œuvre effective des mesures de lutte contre ce fléau, de prévenir et de réprimer les actes de corruption au sein des ministères et à proposer toutes mesures de nature à juguler ce phénomène.
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Mais la réalité est différente dans les faits. Les usagers sont contraints de payer pour un service pourtant gratuit, tandis que des pontes du régime s’adjugent des marchés publics du fait de connexions avec l’Etat.
Plusieurs anciens ministres sont d’ailleurs entendus ou écroués pour des faits présumés de détournements de deniers publics, dans le cadre de l’opération de lutte contre la corruption baptisée «Epervier». «Il faut que les inspecteurs généraux, à qui incombe la charge de la lutte contre la corruption, soient effectivement sur le terrain et que les financements destinés à ces cellules soient utilisés à bon escient. Que les uns et les autres ne craignent pas les représailles, car il ne faut pas qu’ils soient victimes de la corruption passive», a interpellé le président de la CONAC, Dieudonné Massi Gams.
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Lors du Conseil des ministres du 2 mars dernier, le président de la République, Paul Biya, a réitéré au gouvernement ses instructions sur «la nécessité d’une utilisation rationnelle des ressources publiques, la réduction du train de vie de l’Etat et la lutte contre la corruption».
Hélas, «jusqu’à présent, certaines personnes se contentent (encore) de prendre les fonds publics pour les fonds privés», déplore le président de la CONAC qui a mis à la disposition du public ses numéros de téléphone personnels afin d’encourager les personnes témoins ou victimes d’actes de corruption à recourir à ces canaux de dénonciation.
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Le Cameroun fait partie des pays où la corruption est endémique. Selon le rapport sur l’indice de perception de la corruption dans le monde en 2017, publié le 21 février dernier par l’ONG Transparency International, le pays est classé 153e sur 180, une place qu’il partage avec le Mozambique.
C'est une véritable chute libre pour le pays qui était classé 145e en 2016 et 130e en 2015. Pour Transparency International Cameroon, cette «dégringolade» suggère, une fois encore, l’insuffisance des réformes entreprises en dépit des mécanismes d’intégrité mis en place par le gouvernement.