Selon les données publiées cette semaine, à l’occasion de la première conférence des Etats-parties de la Convention de Kinshasa qui s’est ouverte lundi à Yaoundé, la capitale camerounaise, plus de 10 millions d’armes légères circulent en Afrique centrale.
Un chiffre inquiétant pour les autorités en charge des questions sécuritaires dans la sous-région, car ces instruments de la mort pourraient aisément alimenter des groupes armés et conflits qui sévissent dans cette partie du continent. Entre autres, la secte terroriste Boko Haram qui sévit au Cameroun, au Tchad et au Nigeria; la crise politique en République centrafricaine (RCA) qui a entraîné l’explosion des groupes rebelles; les incursions de braconniers lourdement armés dans les parcs nationaux pour alimenter des trafics de toutes sortes, etc.
Pis, les violences armées nées de la prolifération des armes légères seraient à l’origine de la mort de près de 15.000 personnes ces dix dernières années en Afrique centrale, selon les experts.
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D’où la réunion tenue cette semaine au Cameroun par les Etats-parties de la Convention de Kinshasa. Ce, à la suite de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre (ALPC). Parmi ces pays: le Cameroun, l’Angola, le Burundi, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RCA, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, le Tchad et Sao Tomé et Principe.
Le thème des travaux tenus du 11 au 13 juin 2018 porte sur «L’accès des acteurs non-étatiques aux armes légères et de petit calibre: une menace à la paix et à la sécurité des Etats de l’Afrique centrale».
«Notre sous-région est confrontée au défi de l'insécurité. Le Cameroun s'est engagé dans la lutte contre le terrorisme et d'autres formes d'insécurité. Le Cameroun a été choisi par les Nations Unies pour accueillir cette première conférence des États parties à la convention pour le contrôle des armes légères et de petit calibre. Nous sommes très heureux parce que cela nous donnera aussi l'avantage afin de vraiment faire avancer le contrôle des armes légères et de petit calibre», a déclaré le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, à l’ouverture des travaux.
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«Les frontières le long de la sous-région sont poreuses et cela facilite le flux d'armes, parfois même à partir du stock des États. Chaque Etat a le droit de contrôler l'utilisation des armes. Environ 875 millions d'armes illicites seraient en circulation dans le monde», précise Ivor Richard Fung, représentant du secrétaire général des Nations Unies aux travaux, et chef du département en charge des armes conventionnelles.
Au Cameroun, plus de 23.000 armes à feu circulent de manière illégale dans le pays, alors que le gouvernement n’a accordé à ce jour que 3800 autorisations de port d’armes. Une situation qui inquiète le gouvernement, dans un contexte marqué par la crise anglophone qui secoue le pays depuis octobre 2016 et qui a poussé les autorités camerounaises à interdire la vente d’armes et de munitions, ainsi que la fermeture d’armureries dans six des dix régions du pays.
La conférence de Yaoundé coïncide avec l’ouverture d’une session à l’Assemblée nationale, où le ministre délégué à la présidence de la République en charge de la Défense, Joseph Beti Assomo, a défendu cette semaine le projet de loi autorisant le chef de l’Etat à ratifier l’Accord de coopération entre le Cameroun et le Nigeria sur la non-prolifération des armes légères et de petit calibre.