"Le chef des droits de l'homme de l'ONU (Zeid Raad Al Hussein) a exprimé mercredi sa profonde inquiétude suite aux informations persistantes faisant état de violations des droits de l'homme et abus commis dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun", en proie à un conflit opposant séparatistes anglophones et gouvernement central, "ainsi que dans l'Extrême-Nord" où sévit le groupe jihadiste Boko Haram, indique le communiqué.
Dans les zones anglophones, les violences fondées sur une "discrimination structurelle" sont croissantes depuis 2016, rappelle l'ONU.
"Les rapports font état d'enlèvements, d'assassinats ciblés contre la police et les autorités locales, de destructions d'écoles par des éléments armés" et "révèlent aussi que les forces gouvernementales seraient responsables de tueries, d'usage excessif de la force, d'incendie de maisons, de détentions arbitraires et de torture", selon le texte.
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Zeid, qui dit regretter que le gouvernement camerounais n'ait pas donné accès à l'ONU aux régions anglophones, a demandé à Yaoundé de lancer "des enquêtes indépendantes sur les violations des droits de l'homme commises par les forces de sécurité de l’État ainsi que les abus perpétrés par les éléments armés".
L'ONU condamne "les attaques par des éléments armés" souvent identifiés comme des sécessionnistes anglophones par Yaoundé et notamment l'attaque du convoi du ministre de la Défense le 13 juillet.
"Mais la lourde répression que le gouvernement semble avoir employé depuis octobre de l'année dernière ne fera qu'aggraver la situation pour les femmes, les enfants et les hommes pris au milieu des violences", estime le haut-commissaire onusien.
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Le conflit en zone anglophone a créé 21.000 réfugiés dans les pays voisins et 160.000 déplacés internes, selon l'organisation internationale qui ajoute que ce chiffre est certainement sous-estimé car "beaucoup" de personnes seraient cachées en forêt.
Zeid se dit enfin "consterné" par une vidéo montrant de présumés membres de l'armée exécutant sommairement deux femmes et leurs deux enfants accusés d'être des jihadistes de Boko Haram. Le représentant onusien craint que ces meurtres "ne soient pas des cas isolés" dans l'Extrême-Nord.
L'armée camerounaise est régulièrement accusée par des ONG de perpétrer des exactions contre des personnes soupçonnées d'appartenir au groupe Boko Haram, ce qu'elle a toujours démenti.