A l’issue de leur rassemblement le 7 août 2018 à Yaoundé, la capitale, les membres du conseil permanent de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) ont publié un communiqué dans lequel ils condamnent le regain de «violences et les exactions» dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les deux régions anglophones du pays en proie à une crise sociopolitique et sécuritaire depuis octobre 2016.
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«Cette crise augmente chaque jour d’intensité, mettant en danger la vie des personnes, la sécurité des biens et la cohésion sociale : les populations, les autorités administratives, traditionnelles et religieuses, les forces de l’ordre et de sécurité sont quotidiennement agressées, humiliées et terrorisées. Des citoyens sont kidnappés, conduits à des destinations inconnues où ils font l’objet de tortures et de traitements inhumains», déplorent les évêques dans leur communiqué.
De même, «les véhicules et les cortèges des autorités administratives sont pris en chasse à travers les rues des villes et des villages ; les véhicules privés ne sont pas non plus épargnés», poursuit le document signé de Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala et président de la CENC. Pour mettre un terme à cette situation qui a entraîné la mort de plusieurs personnes et poussé de nombreux Camerounais à l’exil, l’Eglise catholique demande «de renoncer à la violence et à la guerre comme mode de revendication politique et de résolution de la crise entre les fils et filles de la nation». Le clergé estime qu’«une médiation s’impose maintenant pour une sortie de crise», eu égard à la situation actuelle sur le terrain où les combats sont devenus quotidiens entre les forces de l’ordre et les sécessionnistes.
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«Epargnons notre pays d’une guerre inutile et sans fondement», plaident les religieux catholiques qui demandent par ailleurs que les auteurs des violences soient traduits devant la justice. L’occasion faisant le larron, ils ont saisi la balle au bond pour demander au gouvernement camerounais d’ouvrir une enquête sur la mort du père Alexander Nougi Sob, curé de la paroisse Sacré-Cœur de Bomaka (Sud-Ouest) abattu le 20 juillet dernier dans la localité de Muyuka.
Ce dernier avait été pris dans un feu croisé entre les forces de sécurité et des hommes armés dans la zone sur la route reliant la ville de Muyuka à Buea, la capitale régionale. «Nous appelons les autorités compétentes à mener des enquêtes afin que les auteurs de ce crime abominable puissent être amenés à répondre de leurs actes devant l’autorité compétente», réclament les évêques.