Cameroun: condamné pour "homicide involontaire", le groupe Bolloré conteste

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Le 29/09/2018 à 11h05, mis à jour le 29/09/2018 à 14h00

Camrail, la filiale du Groupe Bolloré, a été condamnée ce mercredi 26 septembre 2018 pour «homicide involontaire» à l’issue de la procédure concernant l’accident ferroviaire qui a fait 79 morts et plus de 500 blessés le 21 octobre 2016 dans cette ville du centre du pays.

Le tribunal de première instance d’Eséka, ville où a eu lieu le 21 octobre 2016, l’accident ferroviaire le plus meurtrier du pays (79 morts), a reconnu la société Camrail, filiale du Groupe Bolloré, et une dizaine de ses employés, coupables d’«homicide involontaire» et d’«activités dangereuses» dans cette catastrophe. Cette décision a été rendue au terme de la procédure judiciaire qui a opposé Camrail et 13 de ses collaborateurs au ministère public et à des victimes de cet accident ferroviaire.

Par ailleurs, Didier Vandenbon, l’ancien directeur général de la société, a été condamné à six mois de prison avec sursis et à une amende de 600 000 francs CFA. Le conducteur du train lors des évènements, Mathias Yedna, a écopé de 5 ans de prison tandis que Vantentine Fru, le chef de la sécurité de l’entreprise, s’en tire avec une condamnation à trois ans de prison.

«Camrail s’insurge contre cette décision prise en l’absence de toute expertise qualifiée et compétente qui devait permettre d’établir de manière objective les véritables causes de ce tragique accident et de les circonscrire définitivement afin de sécuriser davantage le chemin de fer camerounais», indique l’entreprise dans un communiqué.

L'entreprise ajoute par ailleurs que «Camrail et ses 1600 collaborateurs manifestent leur totale incompréhension devant une décision manifestement fondée sur la seule appréciation de quelques anciens salariés non spécialistes, non assermentés, déclarés experts et par ailleurs en procédure judiciaire pour motifs personnels contre Camrail depuis 10 ans».

La société indique par ailleurs qu’elle conteste cette décision «qui n’apporte pas d’explication claire aux causes réelles du déraillement du train 152 qui avait subi toutes les procédures de contrôle et de sécurité prévus par la règlementation, comme cela a été démontré lors des audiences. Il est par ailleurs étonnant qu’à aucun moment, les débats ne se soient intéressés aux circonstances particulières ayant marqué cette terrible journée».

Aussi, Camrail annonce-t-elle qu’elle fera appel de cette décision de justice. Dans le cadre d’une enquête officielle commandée par les autorités camerounaises, un rapport d’experts avait jugé l’entreprise responsable de l’accident, en pointant notamment des défaillances techniques. A ce jour, le processus d’indemnisation des victimes, selon l’entreprise, est finalisé avec plus de 90 % des familles et leurs ayants-droits. 

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 29/09/2018 à 11h05, mis à jour le 29/09/2018 à 14h00