Sept employés de la Cameroon Development Corporation (CDC) travaillant dans les plantations de cette société étatique ont été violemment agressés par des hommes armés dans l'exercice de leurs fonctions professionnelles le 31 octobre 2018 à Tiko, dans la région du Sud-Ouest, secouée depuis octobre 2016 par la crise anglophone.
Selon un communiqué de la CDC, signé de son responsable de la communication, trois employées ont été amputées de leurs index, tandis qu’un ouvrier s’est vu trancher quatre doigts de la main. Deux autres employées ont subi des lacérations multiples sur leur corps. Le quatrième, quant à lui, a été blessé par balle à la fesse.
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Les victimes sont actuellement en soins intensifs dans l’hôpital de la CDC, informe le document, qui appelle les employés à garder leur calme. Une enquête a été ouverte pour faire toute la lumière sur ces faits. «Bien que la CDC soit une société apolitique, ses travailleurs et ses biens sont malheureusement devenus la cible de dizaines d'hommes armés non identifiés depuis quelque temps», déplore l’entreprise, deuxième employeur du pays après l’Etat.
Depuis le déclenchement de la crise anglophone, la CDC doit faire face à la destruction de ses biens. En mai dernier, Franklin Ngoni Njie, directeur général de cette unité agro-industrielle publique, a demandé au gouvernement de prendre les mesures nécessaires afin de sécuriser davantage les activités de l’entreprise, menacées par les violences en cours dans les régions anglophones du pays.
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«Nos opérations sont affectées par la crise sociopolitique qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous remercions les autorités administratives pour leur soutien, mais nous voulons réitérer le fait que nous sommes sérieusement menacés», avait notamment déclaré Franklin Ngoni Njie. Au moins 5 employés de la CDC ont été tués depuis le début de la crise en cours, selon des sources internes à l’entreprise.
Lundi dernier, un des ouvriers travaillant dans l’une des plantations de la société, à Limbe, a été égorgé par des individus non identifiés. En plus des pertes humaines, il faut aussi compter avec un manque à gagner pour l’entreprise.
Selon un rapport du Groupement interpatronal du Cameroun (GICAM) sur l'impact de la crise anglophone sur l'économie camerounaise, on enregistre, depuis le déclenchement de cette crise, plus de 1 milliard de francs CFA de biens détruits pour la CDC et 12 milliards de francs CFA de manque à gagner.