Centrafrique: le député et ex-chef de milice Alfred Yekaton remis à la CPI

DR

Le 18/11/2018 à 12h42, mis à jour le 18/11/2018 à 12h46

Le député centrafricain, ex-chef de milice Alfred Yekatom, a été remis à la Cour pénale internationale (CPI). Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour sa responsabilité présumée de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Alfred Yekatom, un ex-chef de milice centrafricain remis samedi à la Cour pénale internationale (CPI), est arrivé au centre de détention de la Cour à La Haye, a annoncé un porte-parole dans la nuit de samedi à dimanche.

"Le suspect est arrivé au centre de détention", a déclaré Fadi El Abdallah, porte-parole de la CPI, où Yekatom sera jugé "pour sa responsabilité présumée de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité".

L’ancien chef de milice centrafricain y faisait l’objet d’un mandat d’arrêt «pour sa responsabilité pénale présumée de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité» commis entre décembre 2013 et août 2014.

La remise à la Cour du député centrafricain et ex-chef de milices antibalaka, autoproclamées d’autodéfense, est une première dans ce pays ravagé par des violences meurtrières depuis 2012.

Fatou Bensouda, procureure de la CPI, s’est félicitée samedi de ce transfèrement, promettant au peuple centrafricain de «poursuivre sa quête de vérité et de justice». «La remise aujourd’hui (samedi) de ce suspect fait avancer la cause de la justice en République centrafricaine», a-t-elle estimé dans un communiqué.

La CPI avait ouvert une enquête sur la Centrafrique en septembre 2014 sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui y auraient été commis.

Rambo

Ancien caporal-chef de l’armée centrafricaine, Alfred Yekatom, 43 ans, avait été élu en 2016 député à l’Assemblée nationale. Il a été arrêté fin octobre après avoir tiré dans l’hémicycle.

Il «aurait commandé un groupe d’environ 3.000» combattants antibalaka, selon la CPI. Il pourrait être responsable, en tant que chef militaire, de «meurtre», de «torture et traitements inhumains», de «mutilations», d'«attaques intentionnelles contre la population civile» et contre «des bâtiments consacrés à la religion».

La Cour pénale internationale a de même «trouvé des motifs raisonnables de croire» qu’il aurait lui-même «commis ou ordonné, sollicité, encouragé et facilité» les crimes indiqués, commis à Bangui et dans la préfecture de la Lobaye (sud).

Fin octobre, il a été arrêté après avoir ouvert le feu dans l'hémicycle lors de l'élection du nouveau président du Parlement.

Son extradition vers la CPI intervient alors que le centre et l'ouest de la Centrafrique sont le théâtre de violences meurtrières depuis plusieurs jours.

Vendredi soir, un Casque bleu a succombé à ses blessures après des combats contre des hommes armés non identifiés à Gbambia, à une centaine de kilomètres de Berberati, dans l'ouest du pays.

Jeudi, des milices antibalaka et des combattants du groupe armé Union pour la paix en Centrafrique (UPC) ont combattu à Alindao, ville charnière du centre du pays.

Une quarantaine de personnes ont été tuées dans ces combats, dont deux prêtres. L'Eglise et le camp de déplacés ont été brûlés.

En Centrafrique, pays en crise depuis 2012, une vingtaine de groupes armés contrôlent la majorité du territoire et combattent pour le contrôle d'une influence locale et des ressources naturelles.

Dans ce pays enclavé, un quart des 4,5 millions d'habitants ont fui leurs domiciles.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 18/11/2018 à 12h42, mis à jour le 18/11/2018 à 12h46