Cameroun: la police municipale suspendue d'exercice à Yaoundé

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Le 16/02/2019 à 15h26, mis à jour le 16/02/2019 à 15h30

La décision prise par le préfet ce mercredi 13 février 2019, celle de suspendre la police municipale, est la conséquence d'un accrochage violent entre ces agents municipaux et des conducteurs de moto-taxi dans la capitale.

Le préfet du département du Mfoundi, dont dépend Yaoundé, la capitale, a pris la décision ce mercredi 13 février 2019 de suspendre durant un mois, la police municipale d'exercice sur toute l'étendue de la circonscription administrative.

Une décision prise après la rixe qui a opposé ces agents municipaux et des conducteurs de motos-taxis. Tout est parti de l'interpellation d'un conducteur de moto-taxi par des agents de la police municipale, dont le rôle est notamment de lutter contre le désordre urbain. «Il n’avait aucun papier avec lui. Ni pour lui-même, ni pour la moto. Et il avait traversé la zone interdite. Un fait qui est qualifié d'infraction. Le garçon à qui on a pris la moto s’est mis à se rouler par terre, et c’est alors que ses confrères ont dit que les éléments de la commune sont en train de le brutaliser. Pourtant, c’était faux», explique Didier Onana, le maire de la commune de Yaoundé 1er où a eu lieu l'incident.

La nouvelle d'un conducteur de moto-taxi brutalisé, voire tué par les agents de la municipalité, se repend sur les réseaux sociaux. Connu comme un corps professionnel très solidaire, une horde de conducteurs de motos-taxis investit les locaux de la commune, décidée à tout saccager en représailles.

Armés de cailloux et gourdins, des dizaines de personnes barrent les routes qui mènent à la mairie. Ils brûlent un véhicule et une moto appartenant à la mairie et vandalisent certains locaux, malgré la présence des forces de l'ordre. Il faut dire qu'entre les motos-taxis et la police municipale, la tension couve depuis un certain temps. Les premiers se plaignant des tracasseries et rançonnements réguliers des seconds. Lesquels n'apprécient pas le manque de discipline des motos-taxis, exerçant très souvent sans papiers et qui refusent d’être assujettis au paiement des taxes diverses liées à l'exercice de leur activité.

«Cet incident n’est pas le premier. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Après cette suspension d’activités de la police municipale, il y aura une évaluation dans un mois. Si les motos-taxis ne paient pas les taxes, nous prendrons une autre décision. La police municipale en elle-même n’est pas une mauvaise chose.

Mais dans la ville, certains se cachent sous le couvert de cette police pour poser des actes qu’on ne peut ne pas sanctionner», déclare le préfet du Mfoundi, Jean Claude Tsila. En filigrane, cet accrochage pose le problème de la sempiternelle régulation de l'exercice des motos-taxis.

Une question épineuse pour les autorités locales depuis plusieurs années. On leur concède une certaine tolérance administrative du fait du poids social de ces travailleurs. Il s'agit souvent de diplômés n'ayant pas trouvé de travail ailleurs ou de personnes peu éduquées, souvent promptes à créer des mouvements de foule à la moindre occasion. D'un autre côté, d'aucuns dénoncent le flou autour de l'exercice des polices municipales, souvent constituées de «gros bras» prompts à arnaquer les petits commerçants.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 16/02/2019 à 15h26, mis à jour le 16/02/2019 à 15h30