Cameroun: l'assassinat d'un élève dans un lycée suscite l'émoi

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Le 02/04/2019 à 06h16

Un élève de 17 ans a été mortellement poignardé par des anciens camarades renvoyés de l'établissement pour divers actes de vandalisme, le 29 mars dernier, jour du départ en congés pour le compte du deuxième trimestre. Le personnel médical chargé des soins de la victime est également indexé.

Ça devait être une journée de joie. De celles où les élèves ayant bien travaillé rentrent fièrement chez eux avec leur bulletin de notes pour profiter des congés de Pâques. Mais, la journée du vendredi 29 mars 2019 sanctionnant la fin du deuxième trimestre de cours au Cameroun, a viré au drame.

En effet, Blériot Tsanou, 17 ans et élève en seconde C au lycée bilingue de Deïdo à Douala, dans la métropole économique, est décédé de ses blessures après avoir été mortellement poignardé par un de ses anciens camarades. De sources policières, trois élèves de l'établissement, renvoyés au cours de cette année scolaire pour consommation de drogue et absentéisme entre autres, se sont introduit dans l'établissement en portant des uniformes sans écusson afin de racketter des apprenants.

La victime, selon certains témoignages, aurait voulu s'interposer alors que les racketteurs opéraient leur sale besogne auprès de certains de ses camarades filles. Une dispute éclate alors avant qu'un des malfrats ne poignarde le jeune Blériot Tsanou à la poitrine. Celui-ci est décédé de ses blessures à l’hôpital de Deïdo, situé à un jet de pierre du lycée.

Dans cette formation hospitalière, une autre polémique s'est déclenchée au sujet du comportement présumé de certains personnels de santé. En effet, d'aucuns auraient passé davantage de temps à prendre des photos et vidéos du blessé admis en soins afin de les partager sur les réseaux sociaux. Un comportement choquant qui pose des problèmes au niveau du respect du secret médical et même de conscience professionnelle.

Sécurité

«Tout en désapprouvant vivement le comportement de certain personnel de l'HD (hôpital de district, Ndlr) de Deïdo, je voudrais témoigner ma proximité à la famille de la victime de cet acte odieux. Je viens de prescrire une enquête en vue de déterminer prioritairement les responsabilités dans cette affaire», a réagi le ministre de la Santé publique, Malachie Manaouda, le samedi 30 mars sur Twitter. Une affaire dont se sont emparés du reste des politiques.

Cabral Libii et Serge Espoir Matomba, deux candidats lors de la dernière élection présidentielle du 7 octobre 2018, ont ainsi rendu visite à la famille du défunt.

«Que faisait un poignard dans l’enceinte d’un établissement scolaire? Comment des élèves violents exclus du lycée peuvent encore y accéder sans aucun signalement? Le drame du lycée bilingue de Deïdo interpelle l’ensemble des consciences sur la refondation de notre système éducatif et le problème crucial de sécurité qui se pose avec acuité au Cameroun. Au sujet de la question sécuritaire, nous avons interpellé le gouvernement sur deux phénomènes: la montée de la délinquance juvénile et les conséquences graves des crises sécuritaires que connaît notre pays», a posté Serge Espoir Matomba sur Facebook.

Plus généralement, ce nouveau drame en milieu scolaire pose le problème des scandales qui se multiplient en milieu éducatif, entre la circulation de la drogue, les abus sexuels, les rackets, etc.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 02/04/2019 à 06h16