Cameroun. Violences en milieu scolaire: ce que proposent les enseignants pour inverser la courbe

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Le 17/01/2020 à 10h58, mis à jour le 19/01/2020 à 10h35

Fouille systématique des élèves, instauration d’une police scolaire dans les écoles, restauration de l’autorité du personnel éducatif… Les professeurs en appellent à la prise de mesures fortes, en vue de garantir leur sécurité sur leur lieu de travail.

Le décès d’un jeune enseignant de mathématiques de 26 ans, poignardé à mort mardi 13 janvier dernier par un de ses élèves de 17 ans au lycée classique de Nkolbisson à Yaoundé, la capitale, a relancé le débat sur une préoccupante problématique: celle des violences en milieu scolaire. Avec, en ligne de mire, la sécurité du corps professoral.

«On ne se sent plus en sécurité à l’école. On est sans cesse sur le qui-vive car un drame peut survenir à tout moment pour avoir simplement réprimandé un élève», affirme Béatrice, enseignante de philosophie, encore choquée par ce drame qui a suscité un vif émoi dans le pays.

Face à ce fléau qui va grandissant dans les établissements secondaires du pays, publics comme privés, les enseignants en appellent à la prise d’«actions fortes» pour inverser la courbe.

Une situation d'autant plus préoccupante que la loi d’orientation scolaire au Cameroun stipule clairement que «l’État assure la protection de l’enseignant et garantit sa dignité dans l’exercice de ses fonctions».

Pour Erick Ndeumou, enseignant au lycée classique de Nkolbisson, «la première mesure qu’il faut prendre pour qu’on ne revive plus cette situation, c’est de redonner le pouvoir à l’enseignant devant l’élève». 

Pour cet autre enseignant, qui est aussi principal d’un collège privé à Yaoundé, le cadre législatif doit être renforcé.

«Ce décès nous interpelle tous à plus d’un titre car cet assassinat remet en cause le fondement de la famille au Cameroun, ainsi que le type d’école et d’élèves que nous avons aujourd’hui», affirme-t-il.

D’autres «chevaliers de la craie» militent pour des «fouilles systématiques» des élèves avant leur entrée dans l’établissement ou dans les salles de classe, quand d’autres recommandent une «véritable identification» des élèves, notamment les nouveaux arrivants, «pour qu’on sache d’où ils viennent, qu’est-ce qui a motivé leur transfert dans une nouvelle école pour éviter de surprises désagréables».

D’autres vont plus loin et réclament la présence de la police sur le campus.

«Le gouvernement peut placer des box ou des postes de police devant les établissements scolaires. Je pense que c’est un pas vers la solution», soutient cet enseignant de mathématiques, qui dit être désormais sur le qui-vive sur son lieu de travail.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 17/01/2020 à 10h58, mis à jour le 19/01/2020 à 10h35