Dans les pharmacies de Yaoundé, la capitale, c'est la ruée vers les gels hydroalcooliques, depuis la confirmation des premiers cas de coronavirus (Covid-19) dans le pays. Les pharmaciens confirment tous que les ventes de ces flacons ont fortement augmenté. Certaines officines sont même déjà retrouvées en rupture de stock.
C’est le cas de la pharmacie de Messa. «Nous sommes en train de voir dans quelle mesure on peut se réapprovisionner rapidement», indique-t-on dans cette pharmacie, située dans le deuxième arrondissement de Yaoundé.
Dans les rues de la capitale, des habitants arborent des masques de protection.
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Toutefois, cette tendance n'est pas générale. «Ces deux cas {de personnes diagnostiquées positives au Covid-19, Ndlr} m’inquiètent. Notamment pour les enfants. Ce n’est pas encore la panique, mais je réfléchis tout de même à garder mes enfants {scolarisés dans une école} primaire à la maison, par prudence. Le répétiteur pourrait se charger de les maintenir à niveau, en attendant de voir comment la situation évolue», explique Lisette Massoussi, mère au foyer.
Dans les lieux publics, les habitants essaient d’être prudents. «Lorsque j'ai davantage de moyens, je préfère prendre un taxi en course. Ainsi, j’ai la possibilité d’être le seul passager pour éviter trop de contacts. Au supermarché, je me tiens éloigné des personnes qui toussent ou présentent des signes de grippe», indique Roland Ndon, étudiant.
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Autre produit demandé aux pharmaciens, la Chloroquine, un médicament utilisé il y a quelques années encore pour traiter le paludisme, et qui a entre-temps été retiré du marché pharmaceutique.
Des informations erronées, véhiculées sur les réseaux sociaux, prétendent que ce médicament serait à même de traiter une contagion au coronavirus covid-19. Alors que son effet de guérison sur ce virus grippal est infondé, la Chloroquine est actuellement achetée sur le marché informel, et des pharmaciens en proposent même des médicaments à la molécule équivalente à ceux qui en font la demande.
«A ce stade des connaissances, et malgré les informations {sur} les réseaux sociaux, faisant état de l’efficacité de la Chloroquine sur ce virus, je pense qu’il est prématuré de se prononcer sur son efficacité pour un malade (...) Il n’y a pas de données fiables sur l’homme, encore moins à titre préventif», explique le Dr Christophe Ampouam, vice-président de l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun.
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Hors de Yaoundé, la capitale, les habitants du pays suivent l’évolution de cette situation avec beaucoup d'attention.
«Je portais déjà un masque, compte tenu de la poussière qu’il y a en ville. Donc, je vais rester sur cette tendance mais ce n’est pas principalement lié au coronavirus. J’essaye d’observer les mesures d’hygiène élémentaires, car je n'ai pas assez de moyens pour acheter les gels hydroalcooliques», indique un conducteur de moto-taxi à Bertoua, dans le département du Lom-et-Djérem (région de l'Est).
Viande de brousse
Dans cette ville, le produit est présent dans très peu de pharmacies. «Les commandes ont été passées et nous devrions être livrés bientôt. Actuellement, il ne nous reste que quelques flacons en rayons. Idem pour les masques, dont le stock est épuisé. Nous essayons de rationaliser les achats des clients afin de servir le maximum de personnes», a indiqué une vendeuse d'une pharmacie de Bertoua, vendredi 6 mars dernier, jour de l’annonce officielle des premiers cas de personnes diagnostiquées positives au Covid-19.
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Les grossistes en médicaments de Bertoua attendent quant à eux d'être réapprovisionnés, les habitants de la ville étant de plus en plus nombreux à se rendre dans les pharmacies pour se renseigner sur la disponibilité en masques de protection et en gels hydroalcooliques, depuis la survenue du premier cas au Nigeria, pays limitrophe du Cameroun.
Les habitants de Bertoua ne semblent toutefois pas du tout paniqués. Dans les restaurants, connue pour sa «viande de brousse», le pangolin mammifère commun à l'Asie et à cette partie de l'Afrique, et suspecté d'être à l'origine, en Chine, de l'épidémie de Covid-19, est encore au menu des restaurateurs de Bertoua.
«Si la viande est parfois rare, c’est parce qu'il s'agit d'une espèce protégée, difficile à trouver en réalité. Et pas parce qu’elle serait vecteur de la maladie. Ici, nous l’avons toujours consommée sans problème. C’est dans nos habitudes alimentaires de toujours bien cuire la viande», explique cette restauratrice de Bertoua.
Le gouvernement camerounais, de son côté, se veut rassurant. Les actions de communication et de sensibilisation autour de cette maladie grippale portent avant tout sur l’appropriation par les habitants des consignes d’hygiène et de salubrité, et le fait de suivre les recommandations du ministère de la Santé sur l'évolution de la situation sanitaire.
Sur son compte Twitter, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a annoncé l’acquisition de caméras thermiques pour les différents postes frontaliers du pays: la localité de Kousseri, avec le Tchad sera ainsi équipée, mais aussi celle de Dembo, à la frontiè!re avec le Nigeria, le port de Kribi, dans la région du Sud, est également concerné.
Quant au Centre des opérations des urgences de santé, ses équipes sont passées du mode «alerte» au mode «activité».