«Nul n’entre ici s’il n’a pas lavé les mains». Telle est la maxime qui s’applique désormais chez la famille Bekono à Yaoundé, la capitale. «Depuis plus d’une semaine, nous avons installé un seau d’eau et du savon devant la maison. Comme ça, tout le monde, qu’il soit de la maison ou pas, se lave d’abord les mains avant d’entrer dans la maison», confie la maîtresse des lieux.
En effet, un seau noir de 20 l avec couvercle est posé sur un tabouret juste devant le domicile, à la portée de tous. Un autre seau plus petit, placé en dessous, recueille les eaux issues du lavage des mains. Un savon de Marseille, communément appelé «savon macabo» au Cameroun, est posé dans une petite assiette à côté de ce dispositif. «C’est notre manière à nous de nous protéger du coronavirus et, quelque part aussi, de participer à la lutte contre cette maladie», affirme Mme Bekono.
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Il faut dire que depuis la survenue de la pandémie dans le pays, les habitudes de certains Camerounais ont été modifiées tant à cause des mesures de restriction prises par le gouvernement pour freiner la propagation du virus, que par la peur d’être contaminé. Même si des poches de résistance existent encore ci et là. Solange, future maman, a cessé de fréquenter les lieux publics. «Je ne sors plus depuis un mois, juste pour aller voir mon gynécologue. Je vais accoucher dans deux semaines et je ne veux prendre aucun risque inutile», affirme la jeune femme de 32 ans.
Joseph, militaire, est obligé de sortir dans le cadre de son travail. Mais pas sa famille, notamment sa petite fille tout juste âgée de 2 ans. «Elle est confinée à la maison. Je refuse qu’elle sorte, car j’ai peur qu’elle soit infectée. Quand je rentre, je ne la touche que lorsque j’ai lavé mes mains et changé mes vêtements. Idem pour sa mère s’il lui arrive de sortir comme pour aller au marché», dit-il.
Une fois n’est pas coutume, c’est à la télévision que Bernadette a vécu la célébration de la messe de Pâques ce dimanche 12 avril 2020, alors que certaines paroisses de Yaoundé ont rouvert leurs portes à l’occasion de la semaine sainte pour permettre aux fidèles de commémorer la résurrection de Jésus-Christ, dans un contexte où les rassemblements de masse (plus de 50 personnes) sont interdits.
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«J’avais peur d’arriver à l’église et de faire demi-tour parce que le nombre de places autorisé est déjà atteint. Et puis, on parle déjà de contamination communautaire. A l’église, on ne sait pas qui est malade ou pas. J’ai donc choisi de regarder l’homélie du pape à la télé. Ce n’est pas pareil que lorsqu’on est à l’église, mais le contexte ne s’y prête pas pour le moment», justifie cette ancienne directrice d’école primaire à la retraite.
«On nous a parlé de la pandémie, avec sa symptomatologie qui n’est pas évidente mais surtout avec les risques, le plus grand étant la mort. Les gens veulent préserver leur vie et leur intégrité corporelle et pour cela, ils vont se conformer aux mesures qui sont édictées. Même si ce n’est pas évident parce que c’est nouveau. Ça reste difficile mais on voit quand même l’effort qui est fait. C’est pourquoi il est important de continuer la sensibilisation, car à force d’entendre régulièrement une chose, on a tendance à la pratiquer», affirme la psychologue clinicienne Mireille Ndje Ndje.
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Le 9 avril dernier, le gouvernement a pris des mesures supplémentaires pour lutter contre le Covid-19, notamment l’intensification de la campagne de sensibilisation en zones urbaines et rurales dans les deux langues officielles du pays (français et anglais) et dans les langues locales. L’objectif étant d’amener ceux qui trainent encore le pas à respecter les consignes d’hygiène et les mesures restrictives, au moment où le Cameroun enregistre officiellement 820 cas, 12 décès et 98 guérisons à la date du samedi 11 avril 2020.