Cameroun. Coronavirus: des établissements de santé scellés pour vente de fausse chloroquine

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Le 21/04/2020 à 08h29, mis à jour le 21/04/2020 à 15h39

Les autorités ont procédé la semaine dernière à la fermeture de deux pharmacies et deux centres de santé à Yaoundé, épicentre de l’épidémie de coronavirus dans le pays. Ce, dans un contexte marqué par une forte demande de la chloroquine utilisée dans le traitement des malades du Covid-19.

Des établissements de santé ont été scellés la semaine dernière à Yaoundé, épicentre de l’épidémie de coronavirus (Covid-19) au Cameroun, notamment pour «détention et vente de chloroquine falsifiée sans autorisation». Il s’agit en l’occurrence de deux pharmacies d’officine et de deux centres de santé, les autorités sanitaires reprochant également à ces derniers d’exercer illégalement.

«On ne sait pas d’où venait exactement les stocks de chloroquine en circulation frauduleuse au Cameroun. Surtout que ledit produit a été retiré du circuit depuis une dizaine d’années», a déclaré à la télévision nationale le Dr Samson Tabi, directeur des approvisionnements à la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux (Cename).

Autrefois utilisée pour le traitement du paludisme, la chloroquine a été retirée du marché depuis lors. L’hydroxychloroquine, une molécule dérivée de la chloroquine et commercialisée sous le nom de Plaquenil dans le pays, fait partie du protocole de soins utilisé dans le traitement des patients atteints de Covid-19 depuis le début de l’épidémie au Cameroun.

Le 30 mars dernier, le Laboratoire national de contrôle de qualité des médicaments et d’expertise (Lanacome) a émis une alerte auprès des hôpitaux et pharmacies pour signaler la circulation de deux présentations de chloroquine issues des circuits de contrebande. Des produits dangereux qui se retrouveraient même déjà dans des formations hospitalières, selon l’institution. 

Le Lanacome indiquait notamment que les tests effectués sur ces produits «révèlent l’absence de toute substance active pharmaceutique». Cet avertissement survenait au lendemain d’une alerte lancée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au sujet de la circulation d’antipaludéen (comme la chloroquine) falsifié au Cameroun, mais aussi au Tchad et au Nigeria.

La fermeture de ces établissements de santé intervient dans un contexte marqué par la course à la chloroquine, qui connaît un regain de notoriété depuis que des médecins ont affirmé avoir obtenu des «résultats positifs» sur des malades de Covid-19. Ce, alors que l’efficacité de la chloroquine sur le nouveau coronavirus n’a pas encore été prouvée scientifiquement.

Le Cameroun a décidé de produire sa propre chloroquine pour soigner ses malades. La production sera assurée par l’Institut de recherches médicales et d’études des plantes médicinales (IMPM). Cet institut possède des équipements d’une capacité de production de 6000 plaquettes de chloroquine et d’azitromysine par heure et qui sont capables de couvrir toute la sous-région en deux semaines, selon la ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Madeleine Tchuinté. Le Cameroun compte officiellement 1.163 cas d’infections au Covid-19, dont 42 décès et 305 guérisons à la date du 19 avril 2020.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 21/04/2020 à 08h29, mis à jour le 21/04/2020 à 15h39