En fin de semaine dernière, le directeur de l’hôpital Laquintinie, l’un des plus grands établissements hospitaliers publics de Douala, la métropole économique, a attiré l’attention de l’opinion publique sur la baisse de fréquentation des hôpitaux.
Cet état de fait est lié à la pandémie de coronavirus (Covid-19) dans le pays. A travers cette désaffection, les populations fuient le Covid-19 ou pensent que les formations sanitaires ne s’occupent plus que de cette maladie. «Il faut que les populations arrêtent d’avoir peur. Qu’elles reviennent à l’hôpital (…) Le Covid-19 n’a pas éliminé les autres pathologies», tente de rassurer le Pr Louis Richard Njock.
Lire aussi : Cameroun. Coronavirus: les bars à nouveau pris d’assaut suite aux mesures d’assouplissement
Depuis quelque temps en effet, cette formation hospitalière enregistre une baisse de fréquentation. «Le nombre de consultations a diminué de moitié, le nombre d’accouchements a diminué, la fréquentation est au plus bas, le nombre de malades hospitalisés avoisine les 15%», précise le médecin.
Cet hôpital n’est pas le seul à subir les conséquences de la psychose engendrée par le Covid-19. «Pour confirmation, nous pouvons voir les chiffres des deux derniers mois, notamment mars et avril, comparativement à ceux de l'an dernier.
Le taux de consultations chute de 41,9% pour les mois de février, mars et avril 2020 par rapport à la même période en 2019. Le taux d’hospitalisation a quant à lui chuté de 28,5%», indique Pr Angwafo III Fru Fobuzshi, directeur général de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, dans la capitale.
Lire aussi : Cameroun: les «bonnes affaires» du coronavirus
L’application des mesures barrières et de distanciation sociale prises par des hôpitaux restreint également le nombre de personnes présentes dans un espace réduit. Il faut montrer patte blanche avant d’accéder à l’hôpital, ce qui en décourage beaucoup. De même, les visites sont généralement interdites. Et le nombre de garde-malades réduit (un seul dans la plupart des hôpitaux).
«Depuis plus d’un mois, je traîne une douleur et j'ai un rendez-vous avec le gynécologue que je n’ai pas le courage d’aller honorer à l’hôpital. Je supporte, en attendant que cette crise sanitaire passe, car j’ai trop peur d’attraper le coronavirus et de contaminer mes proches», déclare Marthe Minyem, commerçante. Conséquence, de nombreux patients préfèrent l’automédication ou des consultations chez des pharmaciens de rue, dangereuses pour la santé.
Lire aussi : Covid-Organics: le Cameroun aussi sur la piste du remède malgache
Pourtant, tous les hôpitaux ne sont pas concernés par la prise en charge des patients atteints par le nouveau coronavirus au Cameroun. En effet, «afin de maintenir un maximum de formations hospitalières dans un état de fonctionnement optimal durant la pandémie, des centres spécialisés de prise en charge ont notamment été mis en place», rappelle le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, dans une directive portant sur la continuité des prestations des soins et des services dans les formations sanitaires publiques durant cette période.
Autre facette de cette situation, certains hôpitaux refusent désormais d’accueillir les malades suspectés d’avoir le coronavirus. «Cette attitude est contraire à l’éthique et au principe d’humanisation des soins», rappelle le ministre de la Santé publique. A la date du 11 mai 2020, le Cameroun comptait officiellement 2.689 cas d’infections au Covid-19, dont 1.524 guérisons et 125 décès.