Cameroun: les chantiers de la CAN 2019 divisent à Garoua

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Le 20/02/2018 à 12h04, mis à jour le 20/02/2018 à 12h18

Les chantiers de la CAN 2019 lancés dans certains quartiers de Garoua sont dénoncés par les citoyens. Les autorités insistent sur le bien-fondé de l’opération, tout en précisant qu’il s’agit du domaine privé de l'Etat.

Le toilettage de Garoua, dans le nord du Cameroun, s’est accéléré il y a peu avec la destruction de bâtiments. La cité doit en effet accueillir une poule de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019. L’opération, délicate, est supervisée par le gouverneur de la région du Nord puisque des édifices publics ne sont pas épargnés.

Certains commerçants ont du mal à digérer la perte de leur gagne-pain. D’où la présence de la police sur les lieux pour éviter toute agitation. «Cette opération s'inscrit dans le cadre des prescriptions du gouvernement pour faire en sorte que toutes les emprises qui doivent desservir les sites de la CAN 2019 soient dégagées», a déclaré le gouverneur Jean Abate Edi’i, pour qui ces aménagements visent à embellir la ville et à construire des commodités beaucoup plus flexibles.

Point d’orgue des travaux, le quartier Roumde Adja, qui abrite le stade éponyme, utilisé notamment par Coton Sport, l’un des clubs les plus titrés du pays ces dernières années. Ici, des voies d’accès au stade doivent être édifiées, dont un boulevard de 30 mètres de largeur pour désenclaver le site. Mais les destructions passent mal auprès de certaines populations. Un collectif de victimes s’est notamment formé. Bien qu’informées de l’opération, celui-ci estime que l’Etat est allé bien au-delà des limites convenues à l’origine.

«Tout le monde a été sensibilisé depuis 2016. Ces populations ont même fait l’objet d’un recensement. Je suis aussi sensible à l’aspect social de ces opérations mais il ne faut pas oublier que d’un point de vue légal, il s’agit d’un site relevant du domaine privé de l’Etat. Pour prétendre à une indemnisation, il faut déjà être en situation licite, ce qui n’est le cas pour personne en dehors du seul titre foncier évoqué (une boulangerie, NDLR)», explique le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Garoua, Ahmadou Bouba, au quotidien gouvernemental Cameroon Tribune.

Pour les autorités locales, le quartier a abrité les sinistrés des inondations survenues en 1988. «Un certain laxisme a permis que des gens s’incrustent, alors que l’Etat avait mis à la disposition de la commune des centaines d’hectares pour les recaser. Ce site a été loti au quartier Poukloukou et distribué à tous ces sinistrés, lesquels s’étaient engagés à quitter le site de Roumde Adja une fois qu’ils auraient construit. Mais faute de suivi, ils ont plutôt revendu les parcelles destinées à leur recasement, pour s’installer définitivement à Roumde Adja», précise Ahmadou Bouba.

Dans le cadre de la CAN 2019, la ville de Garoua va connaître un véritable lifting. Le stade Roumde Adja, qui va abriter les matchs, est en cours de rénovation. Des terrains d’entraînement et des hôtels sont aussi en cours de construction pour améliorer l’offre hôtelière. Aussi, malgré un certain mécontentement, les populations apprécient ces travaux d’envergure qui vont radicalement changer le visage de la cité.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 20/02/2018 à 12h04, mis à jour le 20/02/2018 à 12h18