Voici déjà dix jours, Ahmad Ahmad, président en exercice de la CAF, a annoncé le retrait de l'organisation de la CAN 2019 au Cameroun.
Dans la foulée, il a déclaré que la Côte d'Ivoire n'allait pas non plus organiser la phase finale de la compétition phare du football africain en 2021, comme cela avait été initialement prévu.
"Parce qu'on a vu aussi que même la Côte d'Ivoire n'était pas prête pour 2021", avait-il dit dans une interview diffusée sur Afrique Média.
Si, pour ce qui est du Cameroun, à qui l'organisation a été attribué dès 2015, les autorités ont fait leur mea culpa, pour la Côte d'Ivoire, l'aveu d'échec n'est pas encore gagné.
Ahmad Ahmad et le comité exécutif ne se sont en effet encore basés sur aucun fait valable pour prendre leur décision.
"Tout ceci s'apparente à un amateurisme auquel le sport n'a jamais eu droit", tonne un journaliste sportif qui suit ce dossier de près.
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En effet, une seule mission d'expertise de la CAF s'est rendue sur le terrain, dans les chantiers que prépare actuellement la Côte d'Ivoire, alors que nous sommes à un peu moins de triois ans de la compétition prévue en 2021 dans ce pays.
Comment la CAF peut-elle se baser sur des éléments aussi légers pour décréter, sans aucune autre forme de procès, que les stades prévus dans les six villes ivoiriennes ne seraient pas construits dans les délais, ou que l'infrastructure hôtelière ne serait pas au rendez-vous ou encore que la sécurité des délégations et des supporters ne pourrait pas être assurée?
D'ailleurs, afin de tenter de se justifier, Ahmad Ahmad s'était simplement contenté de déclarer que cette décision avait été prise pour "arranger les choses de manière vraiment humaine".
Mais depuis quand engage-t-on un pays aussi sérieux que la Côte d'Ivoire pour ensuite lui retirer l'organisation de la CAN 2021 sur des raisons qualifiées d'"humaines"?
Sur le continent, tout le monde tire en ce moment à boulets rouges sur le président de la CAF, lequel, visiblement, est bien le seul que toute cette situation ne semble pas déranger.
Le défenseur ivoirien et capitaine des Eléphants, l'équipe nationale de Côte d'Ivoire, a parlé de "décision stupide", hier, lundi 10 décembre sur la chaïne Canal+.
De son côté, le Sénégalais, Pape Diouf, ancien président de l'Olympique de Marseille, a abruptement traité Ahmad Ahmad de "pantin des Marocains".
"Je ne comprends absolument pas l’attitude de l’actuel président de la CAF, Ahmad Ahmad, et cette pression qu’il veut mettre sur le Cameroun, un grand pays du football, un pays à qui l’Afrique doit beaucoup dans la reconnaissance du continent sur le plan du football", s'est-il énervé.
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Mais pour la CAF, une chose est sûre: la Côte d'Ivoire ne parviendra pas à relever le défi de l'organisation de la CAN 2021.
Il y a quelques jours, sur les ondes de Radio France Internationale (RFI), Constant Omari, vice-président de la CAF, a été interrogé concernant tout ce cafouillage.
Sa réponse laisse pour le moins perplexe: "vous parlez à un ingénieur spécialisé. Un stade ne se construit pas en deux ans, ne nous leurrons pas ! Allez, en Côte d’Ivoire aujourd’hui et vérifiez à quel niveau d’avancement sont les travaux du grand stade [d’Epimbé, Ndlr]. […] Concernant les hôtels et le cahier des charges de la CAF, la CAF refuse les motels et autres villas. Il faut des hôtels. L’infrastructure routière, elle, ne fait pas défaut en Côte d’Ivoire. Mais il y a des choses sur lesquelles ils sont en retard".
Si en un peu moins de trois ans, un pays comme la Côte d'Ivoire, troisième puissance économique de l'Afrique de l'Ouest, derrière le Nigéria et le Ghana, n'est pas capable de construire les stades qui lui manquent, une question se pose: celle de savoir quels sont les pays qui seront capables tout simplement d'y arriver et d'organiser une CAN conviant 24 équipes sur son sol?
Cette question est d'autant plus pertinente qu'il a fallu, de fait, exclure le Cameroun, lequel selon la CAF n'a pas été capable d'y arriver sur les délai impartis à partir de juillet 2017, soit deux avant la date butoir.
Or, le Cameroun, grand pays de football s'il en est, se trouve être ausi la deuxième puissance économique d'Afrique Centrale, juste derrière la République démocratique du Congo...
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La liste des pays pouvant réellement tenir le pari est donc très limitée. Il faut se tourner actuellement vers l'Afrique du Sud, le Maroc, l'Egypte et, dans une moindre mesure, l'Algérie qui n'ont actuellement pas besoin de construire de stade, ni d'hôtel, ni de routes ou de voies ferroviaires supplémentaires pour accueillir cette compétition.
Il s'agit donc d'une "short-list"d'à peine quatre pays. Tous les autres candidats à l'organisation d'une CAN auront besoin d'investir plusieurs dizaines de milliards de Fcfa. A titre d'exemple, le grand stade Paul Biya coûtera 163 milliards de Fcfa, le stade de Douala Bwang Bakoko nécessite un investissement de 150 milliards de Fcfa, celui d'Ebimpe en Côte d'Ivoire, l'un des moins chers, devra coûter quelque 50 milliards de Fcfa.
Il est aujourd'hui clair que l'amateurisme de la CAF n'est pas seulement d'avoir créé un sérieur cafouillage en ajournant de deux ans la date à laquelle le Cameroun, la Côte et la Guinée étaient supposées organiser la coupe d'Afrique.
Ce cafouillage, de fait, a débuté dès juillet 2017, à Skhirat (non loin de Rabat, capitale du Maroc) lors du symposium de la CAF, au cours duquel une décision cruciale avait été prise: celle de passer de 16 à 24 équipes pour la phase finale.
Il est certain qu'une petite poignée de pays seront en mesure d'accueillir la compétition, dont trois d'Afrique du Nord et un d'Afrique Australe, en plus du Cameroun et de la Côte d'Ivoire dans deux à quatre ans. Ce qui pose, de fait, une autre question, également lancinante: celle de la rotation.
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Il faudra donc, sans doute, se diriger vers une co-organisation entre pays en prenant l'exemple de 2000, loresque la CAN s'était partagée entre le Ghana et le Nigeria, et de 2015 en Guinée Equatoriale et au Gabon...
Mais pour ce faire, il faudrait idéalement que la CAF travaille éventuellement avec tous les pays candidats dans des programmes sur le long-terme. Mais sauront-ils s'entendre? Grandes négociations et longues réunions en vue...