Cameroun. CAN 2021: confusion autour de certains chantiers à Garoua

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Le 11/11/2019 à 14h22, mis à jour le 12/11/2019 à 11h02

Prime Potomac, entreprise adjudicatrice des chantiers de construction de quatre terrains d’entraînement et deux hôtels dans la ville et le ministère des Sports ne s'accordent pas sur l'évaluation et le paiement des travaux effectués.

A coup d'échanges épistolaires qui se retrouvent sur la place publique, le ministère des Sports et l'entreprise Prime Potomac, adjudicatrice de certains chantiers dans le cadre de la Coupe d'Afrique des nations (CAN 2021), se livrent à une guerre de mots sur l'état de ces chantiers.

Prime Potomac a en effet obtenu en 2017, six marchés financés sur fonds publics dans le cadre de la CAN que doit organiser le Cameroun, en l’occurrence quatre stades devant servir de terrains d'entraînement et deux hôtels.

«A ce jour et plus d'un an après l'échéance des contrats (21 octobre 2018), aucun des chantiers d'infrastructures sportives n'est prêt d'être achevé, le taux de réalisation physique étant en deçà des taux de consommation de crédits et des délais contractuels. Il en est de même des infrastructures hôtelières», indique un communiqué du ministre Narcisse Mouelle Kombi, publié le 9 novembre dernier.

Le membre du gouvernement indique également que l'état s'est pourtant acquitté de ses engagements financiers, avec le payement de tous les décomptes de l'entreprise présentés et validés, ainsi qu'une avance exceptionnelle de près de deux milliards de francs CFA pour l'achèvement en urgence de certains travaux prioritaires. «Bien qu'ayant reçu ces ressources exceptionnelles, l'entreprise n'a fourni aucune indication sur les perspectives de mise en œuvre du programme ayant justifié leur allocation», ajoute l'adresse.

Bien plus, le ministre pointe de nombreux manquements et défaillances de l'entreprise, tout en tançant sa cadence de travail. Des éléments qui, selon le ministre, ont justifié la résiliation du contrat avec Prime Potomac de deux chantiers de stades, à l'issue d'une mission d'inspection de la Confédération africaine de fottball (CAF) en juillet 2019 à Garoua, la capitale régionale du Nord.

Pour sa part, l'entreprise Prime Potomac indexe de nombreux blocages de l'administration pour entraver ces chantiers, du reste mal évalués selon son président-directeur général, Ben Modo. Ce, à travers notamment la non validation de Documents quantitatifs et estimatifs qui l'empêchent de facturer ses travaux depuis 14 mois.

«Pour des raisons que l’entreprise ignore, ses projets ont été évalués sur une base de prix non contractuels, et unilatéralement décidés par une seule partie. C’est pourquoi la société Prime Potomac a toujours soutenu que ces évaluations étaient fausses, illégales et sans objet. Ces fausses évaluations étaient donc publiées, chaque fois, pour saboter les projets de la société, et empêcher que notre entreprise ne révolutionne les BTP au Cameroun, en livrant, à Garoua, 6 projets exceptionnels, à des prix battant toute concurrence», rétorque le même jour, le PDG de ladite entreprise.

Laquelle avance de son côté des taux d'exécution de plus de 80% pour les stades. «Aucun décompte soumis par cette entreprise n'est en souffrance au MINSEP (ministère)», précise le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi. Il invite du reste Prime Potomac à «s'abstenir de déclarations fallacieuses pouvant apparaître comme diffamatoires et attentatoires à l'honneur des hautes autorités de l'Etat».

Les derniers Documents quantitatifs et estimatifs ont été validés la semaine dernière. Pour mémoire, compte tenu de retards dans certains travaux, le site de Garoua n'a pas été retenu par la CAF pour l'organisation du CHAN 2020 au Cameroun, sorte de répétition générale avant la CAN 2021.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 11/11/2019 à 14h22, mis à jour le 12/11/2019 à 11h02