Au total, ce ne sont pas moins de 12 conférences ou manifestations similaires dans autant de villes à travers le monde qui seront organisées dans la journée du samedi 7 janvier contre le franc Cfa. L'initiative est venue de l'activiste panafricaniste Kemi Seba, l'un des plus virulents pourfendeurs de cette monnaie. Il avait lancé un appel le 26 décembre dernier et, une semaine plus tard, il a réussi à mobiliser des économistes de renom pour l'organisation de plusieurs conférences organisées simultanément dans plusieurs pays.
Ainsi, à "Paris, la rencontre sera animée par Nicolas Agbohou, docteur en économie politique et l’un des pères de la résistance au franc CFA, auteur du célèbre ouvrage Le franc CFA et l’euro contre l’Afrique (1998)", affirment les organisateurs. A Bamako le débat de samedi est dirigé par l'ancienne ministre Aminata Traoré, militante altermondialiste et écrivaine. A Dakar, c'est Demba Moussa Dembélé qui a récemment été le co-auteur de Sortir l'Afrique de la servitude monétaire. A qui profite le franc CFA? qui sera aux manettes. Et le panel est presque identique dans les 9 autres villes du monde, notamment à Bologne en Italie, Londres au Royaume-Uni, Kinshasa en RD Congo, Port-au-Prince à Haïti, etc.
Franc CFA: l'adjoint de Ban Ki-Moon dénonce un mécanisme "désuet"
Selon Kemi Seba "il s'agit d'un événement historique" qui a vu naître le "Front contre le franc des colonies françaises d'Afrique". Selon le communiqué diffusé lundi, "le temps est venu de mettre en œuvre des solutions alternatives pour un développement économique qui corresponde réellement aux besoins des populations. Au-delà, la société civile pose la question d’une autre architecture financière, qui déboucherait sur la monnaie unique africaine".
Pour les organisateurs de cette mobilisation, il s'agit d'apporter leur contribution au débat sur cette devise et surtout sur "les moyens de sortir de la servitude monétaire". Il faut rappeler au passage que le franc Cfa est régi par une Convention entre les pays de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), ceux de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), les Comores et, d'autre part, la France. L'ancienne métropopole garantit la parité du CFA par rapport à l'euro et, en contre-partie, les banques centrales des communautés concernées sont tenues de confier 50% de leurs réserves au Trésor public français, à travers un compte d'opérations. C'est un schéma qui ne se rencontre nulle part ailleurs dans le monde. Toutes les nations constituent elles-mêmes leurs propres réserves en devises ou en or. Mais ici, c'est le Trésor public français qui est financé par ce mécanisme inique.
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