Afrique subsaharienne: la Banque mondiale prévoit une croissance économique molle

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Le 09/04/2019 à 14h48, mis à jour le 09/04/2019 à 14h57

Selon la Banque mondiale, la croissance dans la région Afrique subsaharienne reste toujours plombée par certaines fragilités. L'institution souligne que l'économie numérique pourrait offrir des solutions à cette faible dynamique des économies de cette région.

La croissance reste faible en Afrique subsaharienne, avec un chiffre de 2,3% en 2018, contre 2,5% pendant l’année 2017, selon le rapport annuel de la Banque mondiale «Africa’s Pulse», publié lundi à Washington.

Ce document note que «3 années après la crise, la croissance reste bloquée sous la barre des 3%. Pour la quatrième année consécutive, l’économie progresse moins vite que l’accroissement démographique, malgré des prévisions régionales plus favorables, qui tablent sur un rebond à 2,8%, la croissance ne parvient pas à franchir la barre des 3% depuis 2015».

Pour la Banque mondiale, cette situation est le résultat d'une conjonction de plusieurs facteurs. «S’il reflète l’incertitude de la conjoncture internationale, ce fléchissement de la croissance, plus marqué que prévu, s’explique aussi, et de plus en plus, par les incertitudes politiques et réglementaires, et par la fragilité. Ce chiffre est aussi l’illustration de l’instabilité macroéconomique, liée entre autres à une mauvaise gestion de la dette, à l’inflation et aux déficits. Autant de facteurs qui défavorisent clairement certains Etats. Il contredit également les bonnes performances de plusieurs économies de plus petite taille, en progression constante», souligne l'institution.

Et ce sont les trois premières puissances économiques de l'Afrique subsaharienne qui ont plombé la croissance de cette région. Au Nigeria, première économie du continent par le PIB, «la croissance est ressortie à 1,9% en 2018, contre 0,8% en 2017, à la faveur d’une légère reprise du secteur non pétrolier. L’Afrique du Sud est sortie de la récession au troisième trimestre 2018, mais la croissance est restée atone à 0,8% tout au long de l’année, alors que les incertitudes découragent les investisseurs. L’Angola, troisième économie de la région, est demeurée en récession, l’activité étant plombée par la faiblesse persistante de la production pétrolière», explique le rapport.

Dans certains pays riches en ressources naturelles, à l’image de la République Démocratique du Congo (RDC) et le Niger, «la croissance est repartie à la hausse, soutenue par le redressement de la production minière et du prix des matières premières, ainsi que par le rebond de la production agricole et des investissements publics pour les infrastructures».

Ailleurs, comme au Libéria et en Zambie, «la croissance est restée modérée, du fait de la méfiance des investisseurs face au niveau soutenu de l’inflation et de l’endettement.

Dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), le redressement se poursuit, mais demeure fragile, les réformes destinées à réduire les déséquilibres budgétaires et extérieurs ayant marqué le pas dans certains pays.

Les économies moins tributaires des ressources naturelles, à savoir le Kenya, Ouganda et Rwanda, ainsi que plusieurs pays de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), dont le Bénin et la Côte d’Ivoire, ont affiché de solides performances en 2018.

La fragilité d’un petit nombre de pays prive l’Afrique subsaharienne d’un demi-point de croissance chaque année, note le document.

Face à cette situation, il faut trouver des solutions à même de doper la croissance en Afrique subsaharienne. «Les facteurs de fragilité ayant évolué dans le temps, les solutions pour y remédier doivent s’adapter», selon César Calderon, économiste principal de la Banque mondiale et auteur du rapport.

Parmi les facteurs à même de remédier à cette situation, le document suggère «la révolution numérique comme une des clés d’une croissance inclusive et de la création d’emplois en Afrique».

Le rapport de la Banque, consacré à la conjoncture de l’économie africaine, examine également l’incidence de la fragilité sur la croissance en Afrique subsaharienne et l‘importance de l’économie numérique pour donner un nouvel élan aux économies de la région.

Pour sa part, Albert Zeufack, économiste principal de la Banque mondiale pour l’Afrique, estime que «la transformation numérique peut apporter à l’Afrique subsaharienne une hausse annuelle de croissance de pratiquement 2 points de pourcentage et permettre un recul de pauvreté de quasiment un point de pourcentage par an. C’est une révolution qui change véritablement la donne en Afrique».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 09/04/2019 à 14h48, mis à jour le 09/04/2019 à 14h57