Le verger cacaoyer ivoirien, vieillissant, a toujours trouvé une parade contre les maladies et la baisse de la production avec de nouvelles variétés à haut rendement. Mais face au swollen shoot, une maladie virale endémique de Afrique de l’Ouest, il n’y a pas d’alternative hormis la destruction des plants.
Selon Sidiki Cissé, le directeur général de l’ANADER, l’agence gouvernementale en charge de l’encadrement du monde paysan, ce sont 33.000 hectares de plantation de cacaoyer qui seront arrachés sur les trois prochaines années. La destruction est en effet l’unique moyen pour tenter d’enrayer la propagation du virus ou du moins d’éviter une contamination à grande échelle du verger ivoirien, principale source de devise du pays.
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Cette mesure radicale, au regard de l’impuissance de la recherche scientifique à trouver une thérapie efficace, a fait que le swollen shoot est qualifié dans le milieu agricole de «sida du cacao». Dans une plantation, ce tueur silencieux commence par attaquer un petit nombre de plants avant de se répandre progressivement. Les signes de la contamination se manifestent par l’apparition de bandes rouges et de taches jaunes sur les feuilles, le gonflement des racines et des cabosses rondes et de plus petites tailles, des cabosses qui pourrissent avant leur maturité. Ensuite comme un cancer, il grignote du terrain jusqu’à devenir incontrôlable si les premiers plants ne sont pas vite arrachés.
Pour le paysan, les dégâts sont quasi immédiats. Selon des résultats des recherches, un verger infecté subi une perte de 25% de la récolte la première année, puis 50% l’année suivante avant de voir son rendement tomber à zéro avec la «mort» du cacaoyer dans les 3 à 5 ans.
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Porté par des cochenilles que l’on retrouve sur certains grands arbres comme le fromager et même sur certaines cultures comme le «taro» ou encore le piment, le virus du swollen shoot, le Theobrama virus, a été observé pour la première fois en 1922 au Ghana (où il a fait des ravages dans les années 1960), puis en 1943 en Côte d’Ivoire. C'est d'ailleurs en Côte d'Ivoire que la menace a pris forme avec la résurgence de la maladie en 2003, selon le CNRA, le centre national de recherche agronomique. La méthode d’arrachage a maintes fois été mise en œuvre sans encore donner de résultat probant.
Avec une production qui devrait passer de 1,7 million de tonnes à 2 millions cette année, la Côte d’Ivoire, qui fait face à la chute des cours du cacao sur le marché mondial, n'est pas encore ébranlée, mais la menace est prise très au sérieux.