Alassane Ouattara, dont le pays pèse environ 40% du PIB de la zone UEMOA – Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), est l’un des grands chantres du maintien du franc CFA comme monnaie des pays de la zone. Il prône même l'instauration du franc CFA comme future monnaie de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) en l’élargissant aux pays non membres de l’UEMOA. «Le franc CFA est notre monnaie», souligne-t-il dans un entretien accordé à France 24, arguant que le débat actuel sur cette monnaie héritée de la France est un «non sens».
En tant qu’ancien gouverneur de la Banque centrale et ancien directeur général adjoint du FMI, Allasane Ouattara estime être bien placé pour comprendre le rôle du franc CFA. Il justifie ses positions par la solidité et la stabilité de cette monnaie. Deux facteurs fondamentaux que le franc CFA doit à son arrimage à l’euro et non à la solidité des économies de la région dont aucune ne figure parmi les 15 premières économies du continent.
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Cet arrimage à l’euro évite les fluctuations et maintient ainsi l’inflation à un niveau globalement bas. Une situation qui contribue aux performances économiques des pays de la région. Partant, «nous sommes très fiers de cette monnaie. Elle marche bien et s’il y a des adaptations à faire, nous le ferons de manière souveraine», ajoute t-il.
Reste que sur ce débat, la position du président ivoirien est loin de faire l’unanimité. D’autres illustres économistes ont critiqué la persistance de ce lien colonial, y compris des chefs d’Etat, dont le tchadien Idriss Déby.
Certains économistes et hommes politiques africains dénoncent une solidité de façade. Ainsi, Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la commission économique de l’ONU pour l’Afrique, soulignait en septembre 2016 que le franc CFA est un mécanisme «désuet», soulignant qu’«aucun pays au monde ne peut avoir une politique monétaire immuable depuis 30 ans. Cela existe dans la zone franc. Il y a donc quelque chose qui cloche».
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Même son de cloche chez les experts du FMI. Sans citer directement le franc CFA, ceux-ci expliquent dans un rapport paru en octobre 2016 et intitulé «Perspectives économiques régionales: Afrique subsaharienne, une croissance à plusieurs vitesses», que le «régime de change fixe» des pays du continent leur coûte des points de croissance.
Le constat est que depuis 2000, les pays du continent dotés de régimes de change plus flexibles affichent des taux annuels de croissance de la production par habitant supérieurs de 1 à 2 points par rapport à ceux des pays à régime fixe. Or, 14 des 25 pays d’Afrique subsaharienne ayant un régime de change fixe appartiennent à la zone CFA. Et le fait que le franc CFA soit arrimé à l’euro, une monnaie forte, amoindrit la compétitivité des économies de la zone qui sont fragiles, reposant globalement sur des ressources agricoles et minières.
Rappelons que la zone franc a été créée en 1939. C’est la monnaie commune de 14 pays d’Afrique subsaharienne. Elle est arrimée à l’euro via une parité fixe de 1 euro équivalent à 656 franc CFA.