L’élection présidentielle française dont le 1er tour se tient ce dimanche 23 avril 2017 est très suivie en Afrique où le débat sur l’avenir du franc CFA, la Françafrique et l'immigration sont au cœur des préoccupations. Les 11 candidats à la présidentielle française, dont deux se disputeront le second tour d’ici quelques jours, témoignent pour la plupart de positions tranchées sur ces questions.
C’est le cas du candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Dans son programme figure clairement sa volonté d'en «finir avec la Françafrique». Pour lui, il faut «respecter l’indépendance des Etats africains et la souverainement des peuples en s’interdisant de se mêler des élections, et en réprimant les corrupteurs». De même, il affiche clairement sa volonté de supprimer le franc CFA, un lien colonial de plus en plus critiqué. «Nous devons donc créer une instance de réflexion commune pour faire des propositions concrètes de sortie du système actuel tout en étant réalistes sur les conditions d’un succès d’une autonomisation qui ne doit en aucun cas nuire aux conditions de vie des populations concernées», explique-t-il.
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Concernant l’immigration, il propose l’abrogation des lois anti-immigration et la refonte du Code d'entrée et de séjour des étrangers. De même, il propose «une régularisation des travailleurs sans-papiers» et une «coopération universitaire entre l’Afrique et l’Europe, qui favoriserait la circulation des chercheurs et des étudiants africains».
C’est probablement le candidat qui recueille le plus de suffrages parmi les Africains du fait des idées de solidarité et de progrès qu’il prône. Le Front populaire tunisien appelle à juste titre les Tunisiens de France à voter Mélenchon.
Pour François Fillon du parti Les Républicains, la critique de la Françafrique n’est pas à l’ordre du jour même s’il soutient que «la France ne doit pas soutenir des pratiques antidémocratiques et venir au secours des dirigeants africains qui manipulent les élections». Sur le franc CFA, il explique que la question doit être traitée par les Africains, car la France ne tire «aucun avantage du franc CFA» et se dit «ouvert à toutes les solutions». Plus précisément, il voit dans cette monnaie «un élément de stabilité qui protège les économies des pays africains».
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Pour sa part, Benoît Hamon du Parti socialiste, l’un des candidats les plus «Africains» pour avoir grandi à Dakar, au Sénégal, a annoncé clairement son engagement à porter les subventions pour l’aide au développement au continent à 1 milliard d’euros en 2020, soit le double du niveau actuel et de le porter à 0,7% du revenu national brut français.
Concernant l’immigration, il souligne que les choix des politiques occidentales ne sont pas étrangers aux conflits qui ravagent le continent. Il compte instaurer un «visa humanitaire» pour ceux qui fuient la guerre et faciliter les visas aux étudiants, chercheurs, hommes d’affaires et artistes.
Concernant le franc CFA, il reconnaît que sa «persistance [...] dans une quinzaine de pays d’Afrique, près de vingt ans après la mise en circulation de l’euro est souvent ressentie par les populations, et à raison, comme un vestige colonial». Il dit aussi comprendre que «des questions comme celle du dépôt de garantie auprès du Trésor français puissent alimenter un certain nombre d’incompréhensions». Partant, il compte faire tout ce qu’il faut pour «accompagner au mieux ce choix vers une souverainement économique et monétaire réelle des Africains».
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Marine Le Pen du Front national compte parmi les pourfendeurs de la Françafrique constituée de «réseaux de corruption criminels et néocolonialistes». Dans le même ordre d’idée, elle s’oppose au franc CFA, monnaie qu’elle qualifie de «drame pour les économies africaines». Avec ces discours, elle plait de plus en plus aux afro-nationalistes et à certains dirigeants africains comme le président tchadien, Idriss Déby Itno qui l’a reçu en mars dernier, et qui est devenu l’un des opposants notoires au franc CFA.
C’est surtout au niveau du volet migration que ces choix sont scrutés à la loupe. Outre la suppression de la binationalité pour les Africains, il s’engage à interdire toute régularisation des sans-papiers et à les expulser. Pour elle, «il faut privilégier et faciliter les programmes de retour et de réinstallation dans les pays d’origine».
Elle a toutefois soutenu que si elle était élue, l’Afrique serait «la première des priorités internationales de la France» et s’est engagée à consacrer plus de 16 milliards d’euros, soit 0,7% de la richesse nationale, à l’aide au développement, durant son mandat.
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Emmanuel Macron du mouvement En Marche!, en tête des sondages, préfère le langage diplomatique. Il est loin de la franchise des autres candidats sur plusieurs sujets relatifs au continent africain où le surnom de «Monsieur en même temps» lui colle bien la peau.
L’homme qui n’est «ni de gauche ni de droite» ne tranche pas sur les questions relatives à la Françafrique et le franc CFA. Il qualifie cette monnaie d'«élément de stabilité que nous garantissons», ajoutant que «c’est un débat que les pays de la zone franc doivent conduire». Une chose est sûre, s'il est élu, le changement ne viendra pas de Paris sur ces deux sujets. Pour lui, «la France doit participer à la réflexion sur l’avenir de la zone franc, avec des économistes et des experts africains afin de moderniser certains de ses aspects, sans pour autant remettre en cause ses avantages (intégration, convertibilité, stabilité monétaire, etc.)».
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Chez les candidats de petits calibres aussi, l’Afrique est au centre des préoccupations. Nombreux sont ceux qui veulent mettre fin à la Françafrique. C’est le cas de François Asselineau de l’Union populaire républicaine et de Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière qui souhaitent la suppression du franc CFA. Cette dernière explique aussi la nécessité de mettre fin au «pillage» du continent par les grandes entreprises françaises.
Idem pour Jacques Cheminade de Solidarité et progrès, qui affirme sa volonté d’aider les pays qui veulent sortir du franc CFA et d’établir une «nouvelle ère de coopération égalitaire avec les pays d’Afrique». Il promet aussi la création d’«un ministère de la Coopération, du codéveloppement et de l’intégration» tournée vers l’Afrique et de mettre fin au franc CFA.