Côte d’Ivoire: Gbagbo envisageait-il de céder le pouvoir?

L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.

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Le 21/02/2017 à 11h03, mis à jour le 21/02/2017 à 12h12

Laurent Gbagbo aurait-il finalement envisagé de laisser le pouvoir à son rival Alassane Ouattara durant la crise post-électorale de novembre 2010? La question se pose à nouveau alors que comparaît à la CPI (Cour pénale internationale) l’ex-patron de la police ivoirienne Bredou M'Bia.

La question, les partisans de l’ex-président ivoirien ainsi que nombres d’Ivoiriens ne cessent de se la poser, tant il pouvait apparaître impossible pour le régime de Laurent Gbagbo de faire front face à une communauté internationale qui exigeait son départ (avec un dispositif militaire appuyé par la France), après avoir reconnu Alassane Ouattara comme vainqueur de la présidentielle de 2010.

Ce lundi 20 février, le général Bredou M'Bia, l’ex-chef de la police ivoirienne –il fut directeur de la police sous Gbagbo, puis reconduit par l’actuel régime avant d’être limogé à la faveur des dernières mutineries–, a soutenu avoir conseillé à Laurent Gbagbo, avec d’autres chefs militaires, de céder le pouvoir à son adversaire Alassane Ouattara.

«… nous avions demandé au président de laisser le pouvoir mais il ne nous a pas répondu clairement, juste «J’ai compris», a-t-il déclaré sous serment devant la Cour internationale de justice.

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Vrai ou faux? Toujours est-il que cet homme, qui faisait partie des piliers du système sécuritaire de l’ex-régime, avait appellé ses hommes aussi à faire allégeance à Alassane Ouattara.

«Le fameux discours»

Ces propos viennent donner du poids aux affirmations, en mars 2016, de Sam l’Africain (appelé par l’accusation à témoigner, il avait plutôt fait les éloges de Gbagbo à la CPI), qui soutient que l’ex-chef de l’Etat devait faire un discours, en pleine crise, le 11 mars 2011, pour renoncer au pouvoir.

Une «déclaration importante» qui avait été annoncée sur les antennes de la télévision nationale, mais qui n’avait finalement jamais eu lieu car «certaines personnes l’en avaient empêché», dont son épouse.

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Laurent Gbagbo, qui n’a jamais confirmé ni démenti ce qui ne semblait être que des rumeurs, aura-t-il enfin l’occasion de se prononcer sur la question durant son procès?

Pour nombre de partisans du pouvoir à Abidjan, son retrait aurait évité au pays de sombrer dans une grave crise post-électorale qui aura fait officiellement 3.000 morts en cinq mois (décembre 2010 – avril 2011).

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 21/02/2017 à 11h03, mis à jour le 21/02/2017 à 12h12