Côte d’Ivoire-présidentielle 2020: la coalition au pouvoir se déchire déjà

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Le 22/03/2017 à 16h34, mis à jour le 22/03/2017 à 16h37

Existe-t-il vraiment un deal politique entre le RDR et le PDCI à propos d’une alternance au pouvoir en 2020? A trois ans de la fin du dernier mandat constitutionnel d’Alassane Ouattara, des cadres de son parti (RDR) rejettent l’idée d’un tel arrangement pourtant revendiqué par son allié.

Deal ou pas deal? La réponse reste incertaine dans l’arène politique ivoirienne où le PDCI -Parti démocratique de Côte d'Ivoire- et le RDR -Rassemblement des républicains-, les deux principaux partis de la coalition au pouvoir (RHDP) -Rassemblement de houphêtistes pour la démocratie et la paix-, se regardent en chien de faïence, à trois ans de la prochaine présidentielle.

Pourtant, tout semblait avoir été réglé entre les deux partis. A la veille de la présidentielle de 2015, l’ex-président Henri Konan Bédié (à la tête du PDCI) qui avait appelé son parti à se retirer de la course pour soutenir Alassane Ouattara, indiquait lors d’une convention en avril 2015: «des dispositions seront prises pour exercer alternativement le pouvoir suprême, l’année 2020 étant prioritairement celle d’un cadre issu du PDCI». Cette déclaration avait rassuré ses militants qui exprimaient une certaine inquiétude.

De même, les dernières réformes constitutionnelles qui ont permis la mise en place d’une vice-présidence, attribuée au PDCI (en la personne de l’ex premier ministre Kablan Duncan), avaient été perçues comme allant dans le sens de cet arrangement. Ce dernier est en effet pressenti pour prendre le relais de Ouattara.

«Faux», s’est insurgé ce mardi l’ex-ministre Cissé Bacongo, un des barons du RDR et actuel conseiller du président Alassane Ouattara. «Le RDR n’a rien promis au PDCI», «le président Ouattara n’a encore rien dit sur sa succession», a-t-il confié à la presse locale.

A sa suite, un autre cadre du RDR, Habib Sanogo, cité par le journal Le Patriote enfonce le clou: «Qu’on nous dise clairement les noms de ceux qui ont donné la garantie» au PDCI. «Qu’on nous montre un exemple dans le monde entier où le parti majoritaire (aux municipales et aux législatives, ndlr) a cédé le pouvoir (…) à l’un de ses alliés», a-t-il ajouté.

«Bédié a parlé: 2015, c’est pour le RDR, 2020, on va faire l’alternance pour le PDCIn(…), ce n’est pas la peine de polémiquer», a répliqué ce mercredi, dans le quotidien Le nouveau réveil, Maurice Guikahué, le secrétaire exécutif du PDCI.

Pour l’heure, les deux partis évitent de se prononcer officiellement sur la question, tout comme Alassane Ouattara et son «grand frère» Henri Konan Bédié. La création d’un parti unique, le RHDP, avait un temps été émise, mais le projet a du mal à se concrétiser du fait de la méfiance et des rivalités entre les deux partis.

«En politique, les promesses n’engagent que ceux qui y croient», comme le dit l’adage? Verra qui vivra.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 22/03/2017 à 16h34, mis à jour le 22/03/2017 à 16h37