Côte d’Ivoire: la fièvre du troisième mandat plane

Le président Alassane Dramane Ouattara de Côte d'Ivoire.

Le président Alassane Dramane Ouattara de Côte d'Ivoire.. DR

Le 28/04/2017 à 11h05, mis à jour le 28/04/2017 à 11h10

Après Nouakchott, Niamey, Dakar ou encore Conakry, la fièvre du troisième mandat rase les murs d’Abidjan. La question est de moins en moins taboue à trois ans du dernier mandat de Ouattara, malgré les assurances de ce dernier.

Abidjan est-elle contaminée par le virus du troisième mandat? Le président Alassane Ouattara aura beau clamer vouloir prendre sa retraite après dix ans de pouvoir, il peine à se faire entendre par ses partisans. A un peu plus de trois ans de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, la question est moins taboue et des voix se font entendre dans son propre camp pour réclamer un autre mandat.

Ouattara est un homme de parole qui «ne se dédit pas (…). Si par extraordinaire il se dédisait, nous aviserons», avait dit, peu explicite, Amadou Soumahoro, le président RDR, le parti au pouvoir, le 11 avril dernier.

Cissé Bacongo, l’ex ministre de la Fonction publique et actuel conseiller du président ivoirien, qui avait déjà dénoncé le caractère anti-démocratique de la limitation du mandat présidentiel, est revenu à la charge quelques jours plus tard. Le 14 avril dernier, il récidivait dans le quotidien Le Patriote, proche du régime, avec des propos qui ont le mérite d’entretenir une certaine confusion. «Il (Alassane Ouattara, ndlr) gère les affaires publiques depuis 2010. Nous sommes en 2017. L’année 2020 verra la fin de son second mandat. On ne peut rien présager. On ne peut rien écarter ni exclure», a déclaré Cissé Bacongo.

S’agit-il de tentatives pour essayer de ramener le calme au sein du parti présidentiel alors que les ambitions des uns et des autres se font jour, ou d’une réelle volonté d’entrouvrir la porte à un éventuel autre mandat d’Alassane Ouattara?

«Le RDR a avoué son désir de se maintenir au pouvoir après 2020, et il a bien du mal à convaincre son allié du PDCI qui attend normalement son tour pour prendre le pouvoir. Dans ce contexte, une nouvelle candidature de Ouattara pourrait être bien perçue comme le moindre mal pour essayer de contenter tout le monde sans faire trop de vagues», commente un analyste politique.

Toutefois Alassane Ouattara, qui a exprimé sa position sur la question, sera certainement contraint à nouveau à s’expliquer sur le sujet afin de faire taire les ardeurs de ceux de ses proches déjà nostalgiques du pouvoir. Et ce avant que la fièvre ne s’empare de l’opposition et de la société civile sur ce qui était jusqu'à récemment considéré comme un acquis irreversible.

En Afrique de l’Ouest, si au Sénégal la question est tranchée, en Mauritanie, au Niger et en Guinée, le 3e mandat soulève encore quelques inquiétudes, et une nouvelle polémique à Abidjan serait de trop pour une région qui retrouve progressivement la stabilité politique

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 28/04/2017 à 11h05, mis à jour le 28/04/2017 à 11h10