Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo: «je suis otage» de la France

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Le 08/06/2017 à 11h05, mis à jour le 08/06/2017 à 12h08

Revue de presseCinq après son extradition, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo en a encore gros sur le cœur. Dans une interview accordée à Mediapart, depuis sa cellule à la prison de la Cour pénale internationale (CPI), l’homme se considère plus otage que prisonnier de par la volonté de la France.

Kiosque le360 Afrique: «La France m’a mis à la CPI pour que Ouattara soit à la présidence», cela «permet à la France d’avoir la mainmise sur la Côte d’Ivoire». Laurent Gbagbo n’a rien perdu de sa verve, comme en atteste l'entretien exclusif qu'il a accordé à Mediapart. Attaché à son discours anticolonialiste, il attribue son sort à sa trop grande indépendance vis-à-vis de l’ex-puissance coloniale.

Face à la rébellion, il accuse la France d’avoir ignoré les accords de défense qui liaient les deux pays dans un contexte où l’armée disposait de peu de moyens. «Lorsque je suis arrivé à la présidence, nous avions des officiers très bien formés, mais qui n’avaient pas d’outils de travail», souligne celui qui avait pu obtenir «cent kalachnikovs» auprès de Kadhafi et le soutien matériel de l’Angola. Pour lui, la crispation avec la France, «qui avait toujours voulu Alassane Ouattara comme président», est née avec les réformes qu’il avait voulu engager à son arrivée au pouvoir, notamment en diversifiant les partenaires économiques du pays. «Si on se passe des Français, c’est comme si on les agresse. Pour eux, c’est la France qui doit dicter la voie à suivre à la Côte d’Ivoire», tonne-t-il avant d’affirmer avoir dit à l’ex-président français, Jacques Chirac, en 2006: «je ne suis pas président de la République pour travailler sous la dictée de quelqu’un. Je ne suis ni gouverneur, ni sous-préfet, ni préfet. Je suis un chef de l’État élu par son peuple».

L’interview réalisée en mai dernier est publiée alors que le procès à la CPI s’éternise. L’accusation a du mal à démontrer la justesse de ses accusations de «crimes de guerre et crimes contre l’humanité». La semaine dernière des analystes ADN d’un expert de l’accusation ont remis en cause la thèse de la «tuerie des femmes d’Abobo», l’une des pièces maîtresse de la procureur Fatou Bensouda.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 08/06/2017 à 11h05, mis à jour le 08/06/2017 à 12h08