Vidéo. Côte d’Ivoire: le quota d'au moins 30% de femmes dans les postes électifs n'est toujours pas respecté

Le360/ Olive Adjakotan

Le 07/12/2021 à 11h05, mis à jour le 07/12/2021 à 11h08

VidéoEn Côte d’Ivoire, la représentativité des femmes au sein des instances de prise de décision évolue lentement. Dans l'exécutif, le parlement et les municipalités, elles sont encore peu nombreuses, malgré la loi qui exige un taux de 30%.

Si au Rwanda, les femmes parlementaires sont plus nombreuses que les hommes et qu'au Sénégal, elles représentent près de 40%, en Côte d'Ivoire, elles ont encore une représentation marginale. En moyenne, on ne trouve que 12% de femmes au Sénat, à l'assemblée nationale, au gouvernement et dans les conseils municipaux et régionaux.

Au pays d'Houphouët-Boigny, la gent féminine est encore largement sous-représentée en politique malgré quelques avancées. En 2021, sur une équipe gouvernementale de 41 membres, 8 seulement sont des femmes, soit 19%. La législature 2021-2026 comporte, quant à elle, en son sein 32 femmes députées contre 222 hommes: un taux de représentativité donc de 12,5%. Au niveau des conseils régionaux et municipaux, 3% et 7% de femmes y siègent respectivement. Et pourtant, l'adoption en 2019 de la loi du quota instituant la présence d'au moins 30% de femmes dans les assemblées élues avait suscité des espoirs. Deux ans plus tard, la réalité est toute autre: la loi sur le quota n’est toujours pas respectée.

«La raison principale c’est parce qu’il n’y a pas une réelle volonté politique. (...) Quand on a une volonté politique, on met des indicateurs de contrôle, des programmes de mise en œuvre pour pouvoir contrôler comment nous avançons. On applique strictement et réellement les lois», déplore Euphrasie Kouassi Yao, ancienne ministre de la Femme, de la Familles et de l’Enfant.

La sous-représentativité des femmes est même entretenue par les partis politiques. En effet, les formations politiques ont aligné en moyenne 14% de femmes candidates aux législatives de mars 2021 en violation de la loi de 2019 sur le quota qui exige aux partis une liste composée d’au moins 30% de femmes candidates. Lors de la présidentielle d’octobre 2020, 44 dossiers de candidatures ont été reçus par la commission électorale indépendante et 3 étaient portés par des femmes. Mais le conseil constitutionnel n’a validé aucune candidature féminine. Des faits qui ont suscité de vives critiques.

«Nous ne voulons pas d’orgueil politique mais nous voulons l’humilité politique et j’ai eu l’occasion de le dire, il faut une femme pour donner un visage humain à la politique dans notre pays et je crois que la réaction des femmes ne me surprend pas car tout le monde est fatigué», s'indigne Madeleine Miandiga, épouse Bley, présidente du parti politique Rassemblement pour la Démocratie et la Paix (RDP). 

Les femmes sont donc conscientes que le combat de leur représentativité dans les instances de prise de décisions sera de longue haleine. Pour relever le défi, un incubateur dénommé la pépinière des jeunes filles en politique a vu le jour en 2019. Ce programme initié par ONU-Femmes et les autorités ivoiriennes consiste à former 250 jeunes filles d’ici à 2025 pour un coût global d’1,3 million de dollars. Mentorat, coaching, réseautage sont entre autres des pans de la formation proposée à cette nouvelle génération. Laquelle pourra présenter ses premières candidates lors des régionales, municipales et communales de 2023. Un vrai test pour l'égalité, voire la parité en politique en Côte d’Ivoire.

«Ce sont des filles, de jeunes femmes qui n’ont plus peur et qui savent que c’est elles-mêmes, et c’est en leur pouvoir de changer la société et que ce ne sera pas facile et que ce ne sont pas sûrement les hommes qui leur feront une place pour entrer en politique. Donc, ce sont des jeunes femmes que j’admire beaucoup», a déclaré Antonia Ngabala-Sodonon, la représentante d’ONU Femmes en Côte d’Ivoire.

Notons que le Rwanda, la Namibie, l’Afrique du sud, le Sénégal sont, entre autres, les meilleurs élèves en matière de l’égalite homme-femme dans la sphère politique en Afrique.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 07/12/2021 à 11h05, mis à jour le 07/12/2021 à 11h08